Quantcast
Channel: Balades naturalistes
Viewing all 1024 articles
Browse latest View live

Les cigales du sud de la France : Cicada orni, Tibicen haematodes et Lyristes plebejus

$
0
0

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidaeLes cigales du sud de la France :

Cicada orni, Tibicen haematodes et Lyristes plebejus

 

par André Guyard

 

En France, les cigales se rencontrent dans les régions méridionales : huit espèces habitent le sud de la France dont la Corse. On en dénombre plus de 4500 espèces dans le monde. Elles diffèrent par leur chant et par leur taille qui va de la taille d'une mouche jusqu'à celle d'un moineau. Les autres espèces locales se font plus rares.

En France, on connaît huit espèces de cigales. La plus grande d'entre elles, Lyristes plebejus (5 cm), est commune en Provence où elle fréquente les pins ; Cicada orni, plus petite (3,5 cm), vit sur les oliviers ;  Tibicen haematodes remonte plus au nord par la vallée du Rhône et on l'a même signalée à Fontainebleau, cependant que la plus petite, Cicadetta montana (1,5 à 2 cm), se trouve sur les conifères jusqu'en Angleterre.

Généralement, on différencie les espèces grâce à leurs particularités morphologiques. Chez certaines cigales, le chant (ou cymbalisation) est un critère majeur de différenciation. Le mâle cigale fait vibrer ses cymbales, l'organe qui émet les sons, pour attirer la femelle qui n'est sensible qu'au chant de son espèce. Des notes faibles, aiguës et parfois à la limite de la perception. Les spécialistes sont capables de différencier chaque espèce de cigales uniquement à l'oreille. Le plus délicat consiste à enregistrer et à collecter les individus en même temps. C'est la seule façon d'être sûr que le son vient bien de la cigale que l'on ramasse.

 

La cigale Cicada orni ou "Syndelle" appartient à la famille des Cicadidés, ordre des Homoptères et classe des Insectes. Adulte, elle mesure de 2 à 5 cm. À son stade juvénile, elle atteint 5 à 8 cm.

 

Remarque :

On regroupait autrefois dans le même ordre des Hémiptèresà la fois les Hétéroptères (comme les punaises) et les Homoptères (Cigales, cicadelles, psylles) et l'ancien ordre des Hémiptères est devenu le super-ordre des Hémiptéroïdes.

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Cicada orni vue dorsale

© Bertrand Parrès

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Cicada orni vue dorsale

© Bertrand Parrès

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Cicada orni vue latéro-dorsale

© Bertrand Parrès

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Vue latérale d'une cigale (Tibicen)

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Face ventrale d'une cigale (Tibicen) avec les pattes

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Cicada orni vue ventrale sans les pattes

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Schéma de la patte antérieure gauche d'une cigale (Tibicen)

 

Les Homoptères (cigales, cicadelles, psylles, pucerons et cochenilles sont caractérisés par leurs quatre ailes qui sont toutes membraneuses ou secondairement absentes.

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

 

La cymbalisation ou "chant des cigales"

 

La cymbalisation est produite chez le mâle et a pour fonction d'attirer les femelles. Dès que la température est suffisamment élevée (environ 25 °C), le mâle "chante", ou plus exactement , il cymbalise. Une erreur fréquente est de dire que les cigales stridulent comme le criquet. Or la stridulation est produite par le frottement de deux parties du corps d'un insecte (ou plus généralement d'un arthropode, car les mygales stridulent aussi, par exemple), alors que le mâle cigale possède un organe phonatoire spécialisé, les cymbales, qui est situé dans son abdomen.

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Détail du cymbalium en vue thoracique latérale

 

La cymbalisation est le résultat de la déformation d'une membrane (un peu comme le couvercle d'un bidon) actionnée par un muscle. Le son produit est amplifié dans une caisse de résonance et s'évacue par des évents. La fréquence et la modulation de la cymbalisation caractérisent les différentes espèces de cigales.

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Cavité cymbalique d'une cigale mâle (Tibicen)

 

On trouve sur internet différents sites montrant des vidéos de la cymbalisation des cigales :

 

http://basel.scharyyse.free.fr/cigale/videos/videos-flv/plebejus-1412.htm

http://www.gard-nature.com/cigales/cigaudio/cicorn.mp3

http://www.cicadasong.eu/cicadidae.html

http://basel.scharyyse.free.fr/cigale/videos/videos-flv/cymbale.htm

http://basel.scharyyse.free.fr/cigale/videos/videos-flv/_videos.htm

 

L'appareil buccal

 

Les pièces buccales des Homoptères, toujours dépourvues de palpes maxillaires ou labiaux, autorisent des régimes variés à condition que l'alimentation soit liquide : les espèces phytophages sucent la sève des végétaux. Aussi certains Homoptères comme les pucerons ou les cochenilles, qui pullulent sur les végétaux et les épuisent, comptent-ils parmi les plus redoutables ennemis des cultures. Quant aux cigales, elles se nourrissent de la sève d'arbre ou d'arbuste, qu'elles prélèvent à l'aide de leur rostre situé sous la tête et formé par un ensemble de pièces buccales. Comme chez tous les Hémiptéroïdes, l'appareil buccal est de type piqueur-suceur.

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Tête de cigale en vue frontale

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Tête et thorax de cigale en vue latérale

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Face dorsale de la tête d'une cigale (Tibicen)

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Vue frontale de la tête d'une cigale (Tibicen)

 

Les pièces buccales (mandibules et maxilles) sont transformées en stylets chitineux qui se logent dans la gouttière labiale. Ces stylets naissent isolément de part et d'autre de la tête, mais ils se rapprochent symétriquement et se rassemblent tous les quatre en un faisceau unique à la faveur de coaptations qui se présentent sous la forme de crêtes et de rainures sculptées sur toute leur longueur.

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Coupe transversale de l'appareil buccal d'une cigale

 

Les stylets mandibulaires flanquent latéralement l'ensemble et contribuent à lui donner une forme cylindrique régulière.

Les stylets maxillaires, internes, ménagent entre eux deux canaux superposés ; l'un dorsal, sert à l'adduction des aliments, l'autre, ventral, conduit la salive dans les tissus piqués. Ces deux stylets maxillaires sont étroitement liés l'un à l'autre par des coaptations qui empêchent leur séparation dans le sens latéral mais permettent leur glissement l'un par rapport à l'autre dans le sens de la longueur, dispositif mécanique évoquant les fermetures à glissière en matière plastique.

 

Mécanisme de la piqûre chez les Hémiptéroïdes

 

La piqûre est essentiellement assurée par les stylets mais les autres parties du complexe buccal y participent, notamment le labium ou lèvre inférieure. Ce dernier a toujours l'aspect d'une gouttière et se termine par une pince labiale dont le rôle est de maintenir les stylets en place en les serrant fortement dans leurs positions successives. L'agencement coaptatif des stylets (même extrêmement longs) en un faisceau agit comme s'ils étaient enfermés dans une conduite souple ; une impulsion sur l'un des stylets ainsi guidé se transmet à la manière d'un mouvement exercé sur un câble de frein de bicyclette contenu dans une gaine. La piqûre résulte donc des contractions individuelles et successives de chacun des muscles protracteurs des quatre stylets.

Solidement maintenus à leur extrémité par la pince labiale, les stylets progressent dans un ordre bien défini : les stylets mandibulaires pénètrent d'abord, l'un après l'autre, dans les tissus ; ils sont suivis par les stylets maxillaires. La progression se fait par une succession de mouvements de très petite ampleur. La rétraction des stylets s'opère de même.

Chez certains Hémiptéroïdes, les stylets sont aussi longs que le labium, et la piqûre ne peut se faire qu'à la faveur d'un raccourcissement de ce dernier, par télescopage de ses divers articles (cas des pucerons) ou par coudure de sa région moyenne (cas des punaises).

 

Mais il existe des Homoptères qui peuvent prélever directement la sève élaborée dans des tissus libériens profonds, grâce à des stylets de longueur démesurée.

Deux solutions anatomiques pouvaient permettre le logement au repos de stylets aussi longs. La première, consistant en un allongement du labium, ne se rencontre guère que chez une espèce de puceron. Stomaphis quercus, qui possède un labium deux fois plus long que le corps. La seconde solution, celle du rangement des stylets dans un organe spécial, existe chez un très grand nombre d'espèces d'Homoptères. Dans ces cas, l'excédent de longueur des stylets peut être logé au repos, soit à l'extérieur du corps, (cas des larves de psylles), soit à l'intérieur du corps, dans une poche spéciale appelée emmena. La larve primaire hivernante d'un puceron du Mélèze (Chermes viridanus) loge, dans un corps de 0,6 mm, un stylet replié en huit mesurant 3 mm environ. Il va sans dire que la pince labiale joue dans la piqûre de tels insectes un rôle fondamental.

 

Au cours de la piqûre, l'insecte injecte sa salive par le canal salivaire et aspire sa nourriture par le canal alimentaire. Les deux cavités sont mises en relation avec les glandes salivaires et avec le pharynx par l'intermédiaire de l'hypopharynx, qui possède un profil approprie à cette fonction. Quant aux liquides (salive et aliments) ils sont mis en mouvement par deux "pompes". Le pharynx et la cavité prébuccale ou cibarium qui le précède sont pourvus de muscles qui les transforment en pompe aspirante alimentaire. Par ailleurs, il existe dans le corps même de l'hypopharynx une pompe salivaire, munie de valvules, qui aspire la salive dans les glandes puis la comprime et la chasse dans le canal salivaire.

Les glandes salivaires, labiales et paires, sont généralement formées d'une glande principale, bi- ou plurilobée et d'une glande accessoire souvent tubuleuse. Chez les cigales végétariennes ou hématophages qui piquent de façon discontinue, l'une des deux glandes est vésiculaire et sert de réservoir. La salive produite renferme une amylase chez ces espèces phytophages.

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Tube digestif d'une cigale

 

Le tube digestif est complexe, avec de nombreuses variantes d'un dispositif connu sous le nom de « chambres filtrantes » : l'intestin moyen paraît fermé sur lui-même en une boucle, car ses deux extrémités sont rapprochées. En réalité, l'extrémité postérieure s'insinue sous la séreuse de l'extrémité antérieure dilatée et y décrit des sinuosités et lacets multiples : à ce niveau, les épithéliums en contact sont très amincis. Ce dispositif anatomique peut être interprété comme une adaptation à une nourriture liquide abondante mais peu concentrée (sève), qui nécessite une élimination rapide de l'excès d'eau.

 

Système nerveux

 

 

Le système nerveux est caractérisé par la grande concentration des ganglions de la chaîne ventrale. Chez de nombreux Homoptères (Aphidés, Coccidés), tous les ganglions sont fusionnés.

 

Développement

 

La plupart des Hétéroptères ont un développement progressif hétérométabole correspondant au type paurométabole : les formes larvaires, morphologiquement très semblables aux adultes, n'ont à subir au cours des quatre ou cinq mues qu'un accroissement de taille, une augmentation du nombre des articles antennaires et un allongement des ébauches alaires.

À l'instar des Hétéroptères (les punaises en général), les Homoptères présentent également un développement avec métamorphose progressive (paurométabolie) La paurométabolie de la Cigale qui présente  un changement de milieu de vie  lors du passage larve-adulte est alors appelée hémimétabolie, un type de développement qui comporte, le plus souvent, cinq stades.

 

Reproduction et développement larvaire

 

1. Accouplement et ponte

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Accouplement

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Vue latérale de l'extrémité abdominale d'une cigale mâle

 

Les œufs sont pondus en été au niveau du collet d'arbustes et d'herbes. Vers la fin de sa vie en août-septembre, la femelle fore des trous à l'aide de sa tarière dans un rameau vertical. Dans chaque trou, elle injecte environ une dizaine d'œufs.

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

La Cigale en action de ponte a percé des trous dans un rameau

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Extrémité de l'abdomen

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Détail des trous de ponte

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Extrémité abdominale d'une cigale femelle

 

Les œufs ressemblent à de minuscules grains de riz, et sont empilés en un chapelet d'une dizaine.

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Chaque orifice cache un chapelet d'œufs blanc translucide

 

Soumis à des parasites dont Eupelmus cicadae, un chalcidien (microhyménoptère parasite) seulement cinq pour cent des œufs ainsi pondus dans les brindilles arriveront à terme.

 

Période larvaire

 

Les femelles pondent en juillet dans les tiges des plantes. En fin d'été ou en automne, les œufs  éclosent pour donner des larves qui se laissent tomber à terre et deviennent fouisseuses et se nourrissent de la sève des racines. Cette vie souterraine dure plusieurs années (deux ans pour Cicada orni, quatre pour Lyristes plebejus).  Les pattes avant ont une structure fouisseuse qui leur permet de creuser des galeries. La structure de l'abdomen est telle que l'urine abondante des larves de cigales est canalisée vers les pattes avant, ce qui permet de ramollir la terre. Au dernier stade de sa vie souterraine la larve se transforme en nymphe qui creuse une galerie pour émerger de terre afin de se transformer en insecte adulte.

 

Mue imaginale

 

Ce n'est que durant la dernière année de sa vie que commence la vie aérienne de la cigale. La nymphe sort de terre et se fixe sur une tige ou un tronc, voire sur une pierre et commence sa dernière mue ou « mue imaginale». La cigale se transforme alors en insecte adulte ou imago, pour se reproduire durant seulement un mois et demi.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/62/Cicada_molting_animated-2.gif

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Différentes étapes de la mue imaginale

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

Trou d'émergence de la nymphe de Lyristes plebejus

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

La nymphe de Lyristes plebejus émerge de son séjour souterrain

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

La nymphe de Lyristes plebejus escalade un support vertical

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

La nymphe de Lyristes plebejus choisit un point d'ancrage

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

La nymphe de Lyristes plebejus s'accroche solidement au substrat

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

11h : La cuticule nymphale se fend sous la pression

exercée par la croissance de la cigale

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

11h20 : après émergence de la cuticule nymphale (exuvie),

la cigale Lyristes plebejus déploie ses ailes

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

13h00 : Elle gonfle les nervures alaires en y injectant de l'hémolymphe

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

14h30 : les ailes déployées se rigidifient progressivement

 

insectes,homoptères,cigale,cicadidés,cicadidae

La mue imaginale en vidéo

© de Montpellier (Christian Segonne)

 

Sources :

De nombreux sites internet sont consacrés aux cigales et à leur chant. Une présentation complète de la famille des Cicadidés se rencontre sur le site de Agriculture et Agroalimentaire Canada.

 


Orthetrum coerulescens, l'Orthetrum bleuissant

$
0
0

Transparente et gracieuse

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

Le monde fascinant des libellules forme un des plus anciens groupes d'insectes apparu à l'ère des dinosaures.

 

Près de six mille espèces ont été recensées dans le monde. Le développement d'écologies très diverses leur a permis de coloniser la quasi-totalité des terres émergées de la planète.

 

La femelle fécondée pond ses œufs sur un végétal immergé. Après leur éclosion et selon les espèces, les larves de libellules mènent une vie aquatique durant une à quatre années où elles respirent, un peu comme les poissons, grâce à des branchies.

 

Les larves chassent d’autres insectes aquatiques jusqu'à atteindre leur taille maximale au bout d'une à cinq années selon les espèces avant de sortir de l’eau.

 

Elles grimpent alors le long d’une tige de plante aquatique émergente et s'y fixent solidement. La magie de la métamorphose débute alors : la larve se transforme progressivement en un adulte muni de deux paires d'ailes qui s’envolera une fois sec.

 

La zone humide de la basse vallée de L'Allan et de la Savoureuse offre le terrain idéal pour observer ces créatures semblant venir d'un autre monde. Transparence, brillance, légèreté à découvrir le temps d'un été durant lequel l'insecte vivra à l'air libre.

 

Orthétrum bleuissant (Orthetrum coerulescens). Une femelle immature, certainement peu de temps après l’éclosion identifiée par Denis Bringard, photographe belfortain passionné par les insectes. L'espèce doit son nom à la couleur bleue du mâle.

 

Orthetrum-coerulescens-450.jpg

Cliché © Dominique Delfino

 

CRISPR-Cas9, la technique d'édition génétique appliquée aux végétaux

$
0
0

CRISPR-Cas9,  la technique d'édition génétique appliquée aux végétaux

 

Les plantes sont devenues l'une des cibles préférées de CRISPR, cette technique d'édition génétique bien plus puissante et précise — et surtout beaucoup moins onéreuse — que les outils de transgenèse classique (voir dans ce même blog :CRISPR-Cas9, une technique d'édition génétique : découverte scientifique de l'année 2015).

 

La recherche s'est d'abord concentrée sur les végétaux qu'elle connaît et étudie depuis des décennies en particulier les céréales blé, maïs, riz. En fait, tous ceux qui présentent un intérêt agronomique ont déjà fait l'objet de manipulations génétiques et ont donné des OGM.

 

Cresp_001-450.jpg

 

Dès 2014, une équipe chinoise démontre à quel point il est facile et rapide de développer un riz édité par CRISPR. Mi-2016, c'est au tour de la firme américaine Pioneerd'annoncer la production d'un maïs censé être plus résistant. Il y a quatre mois, en décembre 2016, une équipe du ColdSpringHarborLaboratory (États-Unis) décrit dans un article des plants de tomates « crispérisés» qui fleurissent et donnent des fruits deux semaines plus tôt que les variétés actuelles.

 

Autre axe de recherche : sauver des plantes au bord de l'extinction.L'exemple phare est la banane, dont une seule variété originaire d'Asie, connue comme le « sous-groupe Cavendish», est disponible à la consommation. Problème : alors qu'elles représentent l'essentiel des bananes commercialisées mondialement, les cultures Cavendish sont attaquées par un champignon microscopique de l'espèceFusarium oxysporum vivant dans le sol. Des chercheurs sud-coréens dirigés par Jae-YoungYun envisagent une parade grâce à CRISPR : inactiver chez la banane le gène du récepteur moléculaire auquel s'arrime le champignon et ainsi empêcher ce dernier de nuire.

 

La sauce soja et le vin pourraient aussi bénéficier indirectement de CRISPR. Dans ce cas, les chercheurs ne viseraient pas la plante mais la bactérie impliquée dans le processus de fermentation, avec pour objectif de la rendre résistante aux virus qui l'attaquent. Mieux, la recherche pourrait réussir à se concentrer sur des végétaux qu'elle a délaissés jusqu'ici. Pour Sébastien Cunnac, de l'IRD) (Institut de recherche pour le développement) de Montpellier, « l'outil est tellement puissant, facile et rapide comparé aux méthodes classiques qu'il autorise à travailler sur des végétaux non modèles car il élargit considérablement la palette d'outils de génétique».

 

Pour le moment, rien ne distingue la « crispérisation» des plantes de ce que la nature pratique déjà par elle-même : une mutation ponctuelle, comme il s'en produit en permanence chez les végétaux tant sauvages que cultivés. Ce queles scientifiques maîtrisent bien, en effet, c'est la mutation ciblée d'une seule base sur l'ADN du végétal, opération dénommée SDN 1 (Site DirectedNuclease 1, qu'on pourrait traduire par technique d'édition des génomes 1.

 

Cresp_008-450.jpg

Sébastien Cunnac précise ainsi qu' « en l'état actuel, il semble excessif de qualifier ces constructions d'OGM puisque le type de mutations engendrées est analogue à ce qui apparaît dans la nature ». CRISPR dans sa version SDN1 ne fait pas autre chose. Comme le résume Christophe Perin, du Cirad de Montpellier, tout dépend de ce qu'on décide de prendre en considération : « II existe deux positions pour simplifier. Soit on se focalise sur les produits et dans ce cas, l'autorisation doit être attribuée au cas par cas en fonction du gène modifié. Soit on se concentre sur la méthode pour décider que tout ce qui a été obtenu de manière non naturelle est un OGM. Mais c'est une décision sociétale, pas scientifique. »

 

Ainsi, CRISPR permet de faire trois types d'intervention sur le gène : son inactivation (SDN1) ; sa modification (SDN2) ; l'introduction d'un gène provenant d'un autre organisme (SDN3). Seule cette dernière opération, non maîtrisée actuellement, donnerait un organisme modifié similaire aux OGM « classiques ».

 

Tout dépend de quoi on parle. CRISPR n'est qu'un outil, et trois utilisations sont possibles (voir l'infographie ci-dessus). Soit une modification qui n'inclut pas l'ajout d'un gène étranger : SDN1 et SDN2. Soit une mutation plus radicale, SDN3, absolument pas maîtrisée pour le moment.

 

Mais il faut rester prudent, même si SDN1 et dans une moindre mesure SDN2 apparaissent bien contrôlés à l'heure actuelle, des problèmes subsistent.

 

Yves Bertheau(Inra, Muséum national d'histoire naturelle) en voit trois. Tout d'abord, les effets si indésirables sur la régulation du génome (ce que l'on nomme l'épigénétique). Ensuite, les effets dits hors cible que CRISPR pourrait provoquer en dehors du site visé. « Des modifications que l'on ne sait ni correctement prédire, ni détecter ni éliminer. » Enfin, le fait que pour introduire CRISPR dans les cellules, on utilise des méthodes de transgenèse vieillottes de 30 ans d'âge. Il estime que ces problèmes ne sont pas suffisamment pris en compte.  Selon le chercheur, avec ces nouveaux organismes, « on se retrouve dans la même économie de promesses qu'avec les OGM ou le clonage voilà vingt ans.» Beaucoup d'annonces mirobolantes, peu d'accomplissements véritablement nouveaux.

 

Source : Hervé Ratel, Sciences et Avenir, n° 842– Avril 2017 : 68-70.)

 

Morsure de tique

$
0
0

chu.jpgSERVICE DES MALADIES INFECTIEUSES ET TROPICALES

Secrétariat 03.81.21.85.33

 

Dr J.M. Estavoyer, Pr B. Hoen, Dr J. Leroy, Dr C. Chirouze, Dr J.F. Faucher

 

CONDUITE À TENIR DEVANT UNE MORSURE DE TIQUE EN FRANCHE-COMTÉ

(document distribué par le service et destiné aux patients)

 

Maladie de Lyme

 

L'incidence exacte de la maladie en France est mal connue. Il existe des disparités régionales importantes. L'ensemble du territoire français est touché par la maladie à l'exception du pourtour méditerranéen et des régions montagneuses (> 1200 mètres). Les vecteurs sont des tiques de type Ixodes ricinus présentes dans les sites humides et boisés, mais aussi dans les prairies et même parfois les parcs en zones urbanisées. Ces tiques prédominent de mars à octobre.

 

Prévention primaire de la maladie de Lyme

 

La meilleure prévention primaire actuelle consiste à se protéger contre les morsures de tiques lors d'une promenade en forêt :

 

- port de vêtements longs et fermés, de couleur claire pour repérer plus facilement les tiques ;

 

- usage d'un répulsif de synthèse (DEET) pour les parties découvertes mais ces répulsifs sont contre-indiqués chez la femme enceinte et le petit enfant et leur efficacité n'est pas formellement démontrée.

 

- examen soigneux de tout le corps et du cuir chevelu après la promenade pour repérer et retirer précocement toute tique.

 

Prévention secondaire : retrait précoce de la tique

 

L'application préalable d'éther, de pétrole ou d'un autre produit chimique provoquerait la régurgitation de la tique et la libération de Borrelia et doit donc-être proscrite.

 

À l'aide d'une pince fine (pince à épiler) ou d'une pince spéciale en forme de pied de biche vendue en pharmacie, agripper la tique le plus près possible de la peau et tirer doucement mais fermement.

 

Un antiseptique est ensuite appliqué sur la zone et une surveillance locale attentive est menée pendant 30 jours afin de détecter l'apparition d'un érythème migrant (EM) qui sera alors traité.

 

La présence d'une petite zone d'érythème autour de la piqûre immédiatement ou dans les 24 premières heures après la morsure est le résultat d'une réaction aux composés salivaires de la tique et ne doit pas être confondue avec un érythème migrant. La durée minimale d'incubation de l'EM est de 3 jours.

 

Si une partie du rostre de la tique n'a pu être extirpée, il ne faut pas chercher à compléter l'extraction. Un petit granulome peut dans ce cas persister pendant plusieurs semaines et ne correspond pas à un EM.

 

L'érythème migrant apparaît 3 à 30 jours après la morsure de tique infectante. Il s'agit d'une lésion érythémateuse non indurée, ni prurigineuse, habituellement d'au moins 5 cm de diamètre avec une extension centrifuge. Cependant le diagnostic doit être évoqué devant toute lésion même minime, et c'est son extension en quelques jours qui confirmera alors le diagnostic. L'EM peut s'accompagner d'arthralgies touchant asymétriquement une ou plusieurs articulations, de myalgies et de signes généraux modérés et peu spécifiques (fébricule et asthénie).

 

Antibioprophylaxie après morsure de tique :

 

L'antibioprophylaxie n'est pas de règle sauf exceptionnellement dans les cas suivants :

 

  • la femme enceinte (pas de risque en cas d'allaitement) ;

 

  • la tique est en place depuis plus de 48 heures ;

 

  • durée inconnue de la présence de la tique mais aspect gorgé de la tique.

 

Chez l'adulte et l'enfant de plus de 9 ans : Doxycycline per os : 200 mg en une dose. Chez la femme enceinte et l'enfant de moins de 9 ans : Amoxicilline per os : 500 mg x3/j pendant 10 jours

 

La sérologie après morsure de tique est inutile.

 

Lire aussi :

Piqûre de tiques: Comment prévenir la maladie de Lyme ?

Maladie de Lyme : une application smartphone pour mieux lutter contre les tiques

 

Voir également sur ce même blog l'article consacré à la maladie de Lyme.

Les Tiques et la maladie de Lyme

$
0
0

Ixodes scapularis (T du chevreuil)-1.jpgLes Tiques et la maladie de Lyme

 

par André Guyard

(dernière mise à jour : 18 juillet 2017)

 

 

 

Au cours de balades ou de randonnées, il n'est pas rare de récolter sur sa peau une tique. Or cet acarien peut être vecteur de maladies, notamment de la maladie de Lyme qui est une affection loin d'être bénigne. Il convient donc de bien réagir à la piqûre ou morsure d'une tique. (Voir également l'affichette émise par le CHUR de Besançon pour mettre en garde forestiers et promeneurs contre les tiques). Outre les animaux sauvages, chiens et chats ramassent fréquemment ce genre de bestioles. Voir également le reportage de France 3 Alsaceà ce sujet.

 

Ixodes ricinus-1.jpg
Pas très grosses les tiques qui nous envahissent

 

Les tiques

 

Les tiques sont les plus grands représentants de l'ordre des acariens : certaines peuvent dépasser un centimètre de long. Ce sont des acariens ectoparasites. Elles passent une partie de leur cycle ancrées sur la peau de mammifères, d'oiseaux ou de reptiles, se nourrissant de leur sang grâce à un rostre. Au cours de leur cycle de vie, qui comporte plusieurs stades larvaires, les tiques changent plusieurs fois d'hôte.

 

tique,ixode,maladie de lyme,parasitologie,ectoparasites,vecteurs de maladie,acariens,arachnides,arthropodes

Une tique vue au microscope électronique à balayage

Cliché EYE OF SCIENCE/SPL/COSMOS

 

Le problème de santé humaine avec les tiques, c'est que leur salive peut contenir des bactéries responsables de pathologies comme la maladie de Lyme. D'où l'intérêt de bien connaître l'anatomie de l'appareil buccal qui permet une fixation solide dans la peau de l'hôte.

 

Description de l'appareil buccal due à la plume alerte de Jean-Yves Cretin.

 

Les pièces buccales forment un organe d'ancrage, le rostre (ou capitulum), qui se plante dans la peau de l'hôte et par lequel le sang est aspiré.

 

tique,ixode,maladie de lyme,parasitologie,ectoparasites,vecteurs de maladie,acariens,arachnides,arthropodes

Aspect de l'appareil buccal

(schéma J.-Y. Cretin modifié de P.-P. Grassé)

 

- De part et d'autre, les palpes en brun clair, avec les articles portant des sensiles thermo- et chémorécepteurs à leur extrémité. Ils servent à détecter l'emplacement idéal de la morsure, mais ne pénètrent pas dans la peau de l'hôte.

- Portées par un prolongement dorsal de la tête, les chélicères (en rouge), des pièces qui sont spéciales aux Arachnides = Chélicérates (limules, scorpions, opilions, araignées, acariens...) : elles sont mobiles et déchirent l'épiderme en permettant la pénétration du rostre.

- Face ventrale, prolongeant l'orifice buccal, l'hypostome (en vert) percé d'un canal où passent la salive dans un sens et le sang dans l'autre ; il est garni de forts crochets tournés vers l'arrière qui permettent l'ancrage de l'animal dans l'épiderme et le derme de l'hôte, qu'il faut atteindre car c'est là que se trouvent les vaisseaux sanguins !

Le rostre est donc constitué de l'hypostome et du prolongement dorsal de la tête qui porte les chélicères. C'est lui qui reste dans la plaie quand l'extraction n'est pas optimale.

La salive contient des molécules anesthésiantes locales (on ne sent pas la morsure), des anticoagulants qui fluidifient le sang, des protéines qui lysent les tissus, et s'il n'y avaient les parasites en prime, les tiques seraient des "prédateurs" sans importance...

 

Différents types de tiques

 

Les tiques sont classées en deux familles principales caractérisées par des génomes, morphologies et mode de vie différents.

 

Les argasidés ou tiques molles

 

Ce sont les plus grosses tiques. Leur rostre situé sur le ventre est invisible en vue dorsale. Elles vivent généralement près de leur hôte dans les crevasses, terriers, nids ou habitations et viennent se nourrir plusieurs fois sur leur hôte lorsque celui-ci est immobile. Elles peuvent jeûner jusqu'à cinq ans. En Europe, elles sont surtout présentes dans le pourtour méditerranéen.

 

Ornithodoros_amblus,_femelle_faces dorsal-ventrale_NTC649_1.jpg
Ornithodoros amblus femelle, faces dorsale et ventrale. Le rostre n'est pas visible, face dorsale
Microscope électronique à balayage © National Tick Collection, 2004
 

Les ixodidés ou tiques dures

 

De petite taille, le rostre est proéminent et visible en vue dorsale. Elles vivent dans les bois et dans la végétation épaisse où elles grimpent sur les plantes basses d'où elles peuvent atteindre les animaux frôlant ces herbes. Dans les lieux infestés, on peut en trouver jusqu'à 5 ou 6 sur une seule feuille d'ortie. Elles se détachent de leur hôte gorgées de sang, après un repas qui peut durer plus d'une semaine.

 

Ixodes ricinus adultes-1.jpg
Ixodes ricinus. Femelle à gauche et mâle à droite

 

3_Ixodes_face_ventrale-1.jpg
A, vue ventrale d'un adulte d'Ixode.
B, détailmontrant la plaque spiraculaire (SP)
et la gouttière anale en U inversé (AG)
(Document Washington State Public Health Laboratories)

 
5_Ixodes_tête_dorsale-1.jpg
Vue dorsale d'un adulte (A) et et ventrale d'une nymphe (B)
de la région antérieure d'Ixodes sp.
HY : hypostome, A : palpes, BA : base capitulaire
(Document Washington State Public Health Laboratories)

 

La tique la plus commune en Europe, Ixodes ricinus appartient à cette famille.

 

1_I_scapularis_Dr_James_Ochi-1.jpg
Larve (A), nymphe (B), mâle adulte (C), femelle adulte (D)
et femelle adulte engorgée avec œufs (E) ofI. scapularis
(Document Dr. James Ochi)
 
Ixodes_ricinus_0-11.jpg
Accouplement d'Ixodes ricinus.
Le mâle est beaucoup plus petit que la femelle
 
 
2_I_scapularis_Dolan1-1.jpg
Femelle adulte, mâle adulte, nymphe
et larve deI. scapularis
(Document Dr. Marc Dolan)

 

Cycle de l'Ixode-1.jpg
Cycle d'une tique

 

En Amérique du Nord, la souris à pattes blanches P. leucopus, est l'hôte principal d'Ixodes scapularis (tiques à pattes noires) aux stades larvaire et nymphal, vectrice de la maladie de Lyme. Les adultes sont également communs chez le cerf de Virginie (Odocoileus virginianus), au printemps et à l'automne principalement, mais cette tique a été trouvée chez plus de 50 autres espèces de mammifères et chez plus de 55 espèces d'oiseaux.

 

Maladies transmises par les tiques

 

Les tiques sont des agents véhiculant certaines maladies humaines dont :

 

  • Rickettsioses,
  • Borrélioses (fièvres récurrentes à tiques, maladie de Lyme),
  • Arboviroses (fièvre de Crimée-Congo, fièvre de la vallée du Rift, fièvre de Kyasanur, fièvre d'Omsk).

 

Deuxième vecteur de maladies au monde après le moustique, la tique n'effectue au cours de sa vie que trois "repas" sanguins en moyenne. Autant d'occasions de transmettre, par l'intermédiaire de sa salive, plusieurs dizaines d'agents pathogènes pour l'animal et l'homme. Chez ce dernier, plusieurs bactéries du genre Borrelia responsables de la maladie deLyme ont été décrites : Borrelia burgdorferisenso lato ; B.garirdi;B.afzelii... S'y ajoute Borrelia miyamotoi, récemment mise en évidence en France, responsable en Asie d'une maladie apparentée, une fièvre dite récurrente. Mais les tiques peuvent transmettre d'autres bactéries comme les Rickettsia ou Anaplasnia, responsables de maladies émergentes(rickettsioses et anaplasmoses), des parasites Babesia et Theileria, provoquant des troubles proches de la maladie de Lyme, et même des virus.

 

En 2014, une équipe de l'Inra met l'accent sur un aspect méconnu de l'acarien, l'identification des autres bactéries pathogènes dont il peut être porteur et leur éventuelle action sur les maladies transmises (voir note publiée dans PLOS Neglected Tropical Disease). Les chercheurs du laboratoire Inra de Maisons-Alfort, aidés par leurs collègues d'autres stations, ont étudié des tiques présentes dans les Ardennes françaises. Près de 267 spécimens femelles d'Ixodes ricinus ont été collectés entre mai et août 2012 sur 80 km dans 6 zones forestières et 3 de bocages avec beaucoup de haies. Le genre Ixodes est le plus répandu (670 espèces connues) et Ixodes ricinus est la tique la plus commune en Europe. On sait qu'elle peut transmettre, lors de son repas de sang humain, des bactéries, des virus ou d'autres parasites. Mais quelles bactéries ?

 

Les scientifiques ont donc testé les acariens pour 37 pathogènes (bactéries et parasites), pour le virus de l'encéphalite à tique TBV et pour 4 espèces de bactéries symbiotiques de la tique (qui vivent en symbiose avec elle). Près de 45 % des spécimens analysés étaient porteurs d'au moins un des pathogènes recherchés. Parmi ceux ceux-ci, 45 % (54 tiques) étaient porteurs d'au moins deux pathogènes ou plus. En prenant en compte les bactéries symbiotiques, certaines tiques étaient porteuses de 8 micro-organismes différents. Résultat, la co-infection de la tique, c'est-à-dire la présence d'au moins deux pathogènes, est plutôt la règle que l'exception. D'où, sans doute, les réactions différentes des personnes infectées.

 

«Ce phénomène de co-infection massive a d'importantes implications pour la santé humaine et animale, souligne le Dr Vayssier-Taussat, responsable de l'étude. Cela révèle la nécessité de tenir compte de ces interactions microbiennes dans le développement de nouvelles stratégies alternatives pour contrôler les tiques et les maladies qu'elles véhiculent.»

 

En ce qui concerne les virus, certains de ces derniers sont connus, comme le Flavirus, responsable d'une encéphalite, mais d'autres, encore inconnus, peuvent se révéler mortels... Ce fut notamment le cas en 2014 avec l'identification du « Bourbon virus », un Thogotovirus, baptisé d'après le nom du comté du Kansas (États-Unis) où vivait l'unique victime connue à ce jour, un homme de 50 ans décédé, en moins de deux semaines, à la suite de morsures de tique.

La maladie de Lyme

 

Laborréliose de Lyme, ou maladie de Lyme, est une maladie infectieuse, non contagieuse, due à une bactérie, Borrelia burgdorferi, transmise par des tiques du genre Ixodes. Certaines formes de la maladie avaient été décrites de longue date en Europe. C'est notamment le cas de formes cutanées comme l'acrodermatite chronique atrophiante, décrite dès la fin du XIXe siècle, l'érythème migrant, le lymphocytome cutané bénin, décrits au début du XXe siècle, ou encore de formes neurologiques. Cependant, ce n'est qu'avec l'apparition, au milieu des années 1970, de 51 cas d'arthrite inflammatoire dans le Comté de Lyme (Connecticut, États-Unis) que de vastes études épidémiologiques sont entreprises et aboutissent, en 1981, à la découverte, par Willy Burgdorfer, de l'agent causal et de son vecteur.

 

tique,ixode,maladie de lyme,parasitologie,ectoparasites,vecteurs de maladie,acariens,arachnides,arthropodes

Borrelia burgdorferi est l'une des bactéries du genre Borrelia

responsable de la maladie

 

La maladie de Lyme sévissait avant l'Homme : des bactéries similaires à celles qui provoquent la maladie de Lyme ont été retrouvées en République dominicaine au sein de tiques fossilisées dans de l'ambre il y a 15 millions d'années, 12 millions d'années environ avant l'apparition du genre Homo. (Source : George Poinar, Université d'État de l'Orégon, Corvallis).

 

Épidémiologie

 

La maladie de Lyme est une zoonose transmise par les tiques du genre Ixodes. Ces tiques sont caractérisées par la grande variété d’hôtes qu’elles parasitent, des petits mammifères aux plus gros (cervidés, suidés), ainsi que les oiseaux et les reptiles, lesquels constituent des réservoirs plus ou moins importants de la bactérie.

tique,ixode,maladie de lyme,parasitologie,ectoparasites,vecteurs de maladie,acariens,arachnides,arthropodes

 

C’est une maladie très largement répandue dans les régions tempérées et froides de l’hémisphère nord, de la Chine à l’Amérique du Nord et de la Scandinavie à l’Afrique du Nord. Actuellement, elle est la première maladie vectorielle dans l’hémisphère nord, avec 15 000 cas annuels en moyenne aux États-Unis, plus de 50 000 en Europe, où il semble exister un gradient positif d’Ouest en Est.

tique,ixode,maladie de lyme,parasitologie,ectoparasites,vecteurs de maladie,acariens,arachnides,arthropodes

 

En France, l’incidence présente des variations considérables d’une région à l’autre et on estime à 10 000 environ le nombre de nouveaux cas par an. L’Est et le Centre du pays sont les plus touchés, avec une incidence pouvant atteindre plus de 200 cas/100 000 habitants en Alsace. Des études menées en milieu naturel montrent que les tiques infectées sont très largement répandues sur l’ensemble du territoire français, à l’exception d’une petite bande de territoire en zone méditerranéenne et des régions situées à une altitude élevée.

 

Tiques et maladie de Lyme, une coévolution

 

Les travaux de thèse de Coralie Hermann, une doctorante de l'université de Neuchâtel, en Suisse, souligne un bel exemple de coévoulution : les tiques infectées par Borrelia burgdorferi, la bactérie responsable de la maladie de Lyme, résistent mieux à la sécheresse et aux variations de température que les autres.

En effet, très sensible à la sécheresse, la tique doit régulièrement quitter son  perchoir pour aller se réhydrater dans l'humus.

Entre 2010 et 2013, C. Herrmann a étudié la résistance de 1500 tiques de l'espèce Ixodes ricinus placées dans des enceintes où régnaient différents taux d'humidité (13, 32, 51,5, 61 et 89 pour cent) et températures (12,5 et 25°C). Elle a observé que certains individus demeuraient dans des endroits secs, tandis que d'autres fuyaient à la recherche d'humidité. Des tests génétiques ont révélé que les tiques les plus résistantes étaient infectées par Borrelia burgdorferi. C. Herrmann a alors mis au point un protocole pour quantifier la masse de graisse d'une tique et, à la faveur d'une nouvelle expérience, a prouvé que les réserves des tiques infectées sont 12,1 pour cent supérieures à celles des tiques saines, ce qui est très significatif chez des acariens aussi vulnérables aux conditions sèches. Manifestement, Borrelia burgdorferi agit sur le métabolisme de son vecteur d'une façon qui améliore sa survie et, par là, augmente ses chances d'infecter un hôte, un humain par exemple. De sorte que la bactérie engraisse son vecteur, la tique ! À croire que la bactérie arme l'acarien contre les mauvaises conditions météorologiques ! Ce germe augmenterait les réserves de graisse de l'animal et modifierait ses capacités de stockage d'eau. Autant de ressources nécessaires à une meilleure survie, en attendant de trouver une proie humaine ou animale à laquelle s'agripper pour troquer un repas en échange de la maladie de Lyme. International Journal of Parasitology (2013), vol. 43 (6), pp. 477-483.

 

Aspect clinique

 

tique,ixode,maladie de lyme,parasitologie,ectoparasites,vecteurs de maladie,acariens,arachnides,arthropodesComme nous l'avons vu plus haut, l'Homme contracte la maladie dans l’environnement forestier, où se trouvent préférentiellement les tiques vectrices et leurs hôtes. La maladie montre plus de 70 signes essentiellement cutanés, articulaires et neurologiques. L’évolution clinique, en l’absence de traitement, comporte trois phases.

 

  • La phase primaire se caractérise par une inflammation de la peau nomméeérythème migrant (plaque rouge s’étendant rapidement), véritable marqueur de la maladie, parfois associé à des manifestations générales. Cette rougeur cutanée disparaît spontanément en quelques semaines. Sont parfois associées une fièvre modérée, une fatigue et des douleurs articulaires ou musculaires diffuses.
  • La phase secondaire (de quelques semaines ou de quelques mois après la morsure) n'apparaît qu'en l'absence de traitement antibiotique. Elle se traduit à la fois par des formes neurologiques — paralysies faciales, oculaires, névralgies (c'est-à-dire des douleurs sur le trajet des nerfs) — mais aussi par des formes rhumatologiques (articulations inflammatoires, essentiellement le genou, mais aussi les épaules, les coudes, les chevilles, etc.). Plus rarement, apparaissent des signes cardiaques (palpitations, troubles du rythme, péricardite) et oculaires (conjonctivite, kératite), l'ensembleévoluant le plus souvent par poussées, des manifestations cutanées (lymphocytome cutané bénin).
  • La phase tertiaire ou tardive de la maladie (de quelques mois à quelques années après la morsure), en l'absence de traitement,  correspond à l'évolution chronique des symptômes de la phase secondaire, en particulier des manifestations cutanées (ACA : acrodermatite chronique atrophiante), neurologiques ou articulaires.

 

Erythème migrant-1.jpg
Érythème migrant caractéristique de la maladie de Lyme
 

 

Mais avec au moins 70 symptômes possibles, le diagnostic de la maladie est très difficile à poser. Et les tests sanguins, controversés, sont souvent mal utilisés. Résultat : les traitements sont fréquemment prescrits trop tard.

 

Une problématique propre à alimenter controverses et débats passionnés. Les associations de malades estiment en effet que déni médical et omerta des autorités de santé sont responsables d'une large sous-estimation des cas et d'une mauvaise prise en charge de la maladie, sources d'errance médicale. Pour les autorités médicales, au contraire, le nombre de personnes infectées est stable et celles-ci peuvent être le plus souvent guéries par la prise d'antibiotiques durant trois semaines.

 

Différents rapports ont bien tenté de mettre un peu d'ordre dans ce tableau, le dernier en date étant celui du Haut Comité de santé publique (HCSP) remis en décembre 2014. Il plaide, entre autres, pour une meilleure information des patients et des médecins vis-à-vis d'une affection qui a même élé à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale. En février, un projet de loi soumis par 70 députés a demandé la mise en place d'un plan national sur cinq ans. En vain. Le projet a été enterré. Et il n'y a bien que les mesures de prévention qui fassent aujourd'hui l'unanimité.

 

Pour ne rien simplifier, aucun test diagnostique biologique fiable n'est disponible. Car Borrelia, présente en trop faible quantité, n'est pas détectable dans le sang. Les médecins doivent donc recourir à des tests sanguins indirects. Ces sérologies dites Elisa ou Western Blot(WB) détectent, comme c'est le cas pour de nombreuses autres maladies infectieuses, la présence d'anticorps, témoins d'une rencontre de l'organisme avec l'agent pathogène. Mais les tests disponibles (plus de 30 !) présentent des performances variables. Résultat : « ilsne permettent pas d'atteindre ce que l'on appelle un "gold standard"[référence] », souligne le dernier rapport du HCSP. Ces tests font d'ailleursl'objet d'une analyse toujours en cours par l'Agence nationale de sécurité médicale. En France, leur utilisation — et donc leur remboursement — demeure très encadrée et est âprement discutée par les associations de patients qui contestent tant leur intérêt que leur étalonnage.

 

Dans la pratique, en cas de doute diagnostique, la réglementation et les recommandations européennes prévoient en effet dans un premier temps la pratique d'un test Elisa. En cas de négativité, le diagnostic de maladie de Lyme est, a priori,écarté. Et c'est uniquement en cas de positivité qu'un WB, plus spécifique, est demandé pour confirmation. Or Elisa est souvent d'interprétation difficile d'autant que les anticorps apparaissent tardivement dans cette maladie : ils ne sont présents qu'une fois sur deux dans les trois premières semaines après la morsure, alors qu'ils le sont à plus de 70 % dans la phase secondaire et tertiaire. « Les tests sont souvent demandés trop tôt, au stade de l'érythème migrant où ils n'ont aucun intérêt », insiste le PrJaulhac. Enfin, les anticorps persistant longtemps dans le sang, même avec un traitement efficace, ils peuvent aussi être le témoin d'une contamination ancienne, pas forcément en lien avec les symptômes récents des patients. Il s'ensuit une errance médicale très préjudiciable, d'autant que les patients vivent douloureusement la réputation de maladies imaginaires qui leur est souvent faite, certains ayant même subi des hospitalisations abusives en psychiatrie.

 

Borrelia burgdorferi est un complexe de 12 espèces dont quatre ont un pouvoir pathogène certain pour l’homme : B. burgdorferi sensu stricto (ss), B. garinii, B. afzelii et B. spielmanii. Il existe un tropisme d’organe particulier à chacune de ces espèces : si le premier stade d’érythème est indistinctement lié aux quatre espèces, l’évolution vers une forme neurologique est préférentiellement associée à l’espèce B. garinii, les arthrites plutôt à B. burgdorferi ss ; quant à l’ACA son agent étiologique spécifique est B. afzelii. Les quatre espèces pathogènes circulent en Europe tandis qu’une seule, B. burgdorferi sensu stricto, est connue aux États-Unis.

 

Traitement

Toutes les manifestations de la maladie de Lyme doivent faire l’objet d’un traitement antibiotique (cyclines ou béta-lactamines). Le traitement au stade primaire entraîne une guérison rapide et prévient les complications. Non traité, le stade primaire peut évoluer vers le stade secondaire et les arthrites et les manifestations neurologiques peuvent évoluer vers la chronicité. La prophylaxie antibiotique systématique consécutive à une piqûre de tique est déconseillée.

 

Une conférence de consensus — autrement dit une commission d'experts chargée d'établir une position collective — a rendu en 2006 un avis formel sur la question des traitements. Selon celui-ci, une prise quotidienne d'antibiotiques pendant trois semaines permet d'éiïminer la bactérie dans 95 % des cas. Certes... mais à une condition : que le traitement soit prescrit tôt. Car pour les phases tardives, si d'autres antibiotiques sont possibles, l'efficacité est moins bonne. En pratique, nombreux sont les patients qui se plaignent encore de symptômes multiples une fois la cure achevée. Ce qui entretient le doute sur l'efficacité du traitement recommandé.

 

Aux États-Unis, la moitié des praticiens choisissent ainsi de prescrire un traitement sur une période plus longue que celle officiellement recommandée. Les médecins français font-ils de même ? Impossible de le savoir, aucun chiffre n'étant disponible et aucune enquête officielle de terrain n'ayantété entreprise pour Rétablir. Pour le Pr Jaulhac, « les traitements sont souvent prescrits trop tard, à des doses insuffisantes et ne sont pas forcément suivispendant les 21 jours recommandés», argumente le biologiste. « Nombreux sont les patients qui évoquent des guérisons partielles ou des rechutes fréquentes», précise le Pr Perronne

 

Les prescriptions alternatives en procès

 

Les multiples incertitudes tant diagnostiques que thérapeutiques forment un terreau pour les offres alternatives. Souvent des « cocktails » très atypiques, mélangeant antiallergiques, antipaludéens, huiles essentielles, plantes ou médicaments utilisés pour traiter... les troubles de l'érection. Ces prescriptions, qui soulagent beaucoup de patients, sont faites par des médecins ou des pharmaciens qui prennent le risque de se voir accusés d'escroquerieà l'assurance-maladie ou d'exercice illégal, au grand dam des associations qui demandent que cessent ces "persécutions". Un pharmacien et son associé ont été condamnés à Strasbourg en novembre 2014, respectivement pour escroquerie et pour exercice illégal. Le premier était accusé d'avoir abaissé le seuil de réactivité d'Elisa et prescrit des tests en dehors des règles officielles. Le deuxième d'avoir vendu un produit non autorisé.

 

Conseils pratiques

 

Prévention

 

La meilleure façon de prévenir les maladies portées par la tique est d'éviter la piqûre par le port de vêtements couvrants. Une inspection soigneuse du corps après les promenades ou activité en forêt permet de détecter et enlever les tiques avant qu'elles aient eu le temps de transmettre la maladie de Lyme. Il existe aussi de nombreux produits répulsifs, mais dont l'efficacité n'est pas toujours évidente.

 

Aménagement du territoire

 

La fragmentation des forêts et la régression des prédateurs carnivores des micromammifères constituent des facteurs de pullulation des tiques. Reconstituer des continuités écopaysagères et œuvrer à la restauration d'équilibres écologiques pourrait donc, à moyen et long terme être une mesure de prévention utile.

 

En balade dans la campagne

 

Il est conseillé au cours de promenades en forêt ou dans les champs :

* De porter des vêtements longs et clairs pour localiser les tiques plus facilement,

* De porter des chaussures fermées pour éviter que les tiques ne se fixent sur la peau,

* D'utiliser des répulsifs (ou insectifuge) à base de DEET ou du Bayrepel (plus récent que le DEET, et efficace durant 4 heures contre les tiques et 8 heures contre moustiques et taons).

Lors des promenades, se débarrasser rapidement des tiques trouvées sur les vêtements.

Au retour d'une promenade à risques, examiner attentivement toutes les parties du corps pour y dépister les tiques éventuellement fixées à la peau. Se doucher et se changer au retour est conseillé.

 

À la maison

 

Il est possible de limiter la prolifération des tiques dans la maison ou le jardin.

 

  • Couper l'herbe des jardins, éliminer les feuilles mortes => refuges des larves.
  • Aspirer puis boucher les crevasses et interstices dans les planchers, les murs.
  • Inspecter les animaux de compagnie au retour de promenade ainsi que leurs endroits favoris (panier, etc.) Vous pouvez aussi traiter l'endroit ou vos animaux vivent grâce a des produits spécifiques.
  • Décourager la nidification des petits rongeurs aux abords de la maison et éloigner les mangeoires pour oiseaux.

 

En cas de morsure de tique

 

Si la tique est découverte, il faut la retirer rapidement car le risque de contamination augmente avec la durée du contact.

 

  • Afin d'éviter que la tique ne régurgite et surinfecte la plaie, il faut bien prendre garde à ne pas l'écraser, ni la blesser. Pour la même raison il est généralement déconseillé d'appliquer tout produit (éther, alcool...). En effet, en se sentant agressée, la tique risque de régurgiter et d'envoyer ses microbes dans l'hôte qui l'héberge.

 

  • Saisir la tique au plus près de la peau à l'aide d'une fine pince à épiler non coupante. Le mieux est d'acquérir une pince à tiques (vendue en pharmacie), un "tire-tic", petit appareil ingénieux qui se fixe entre le rostre et la peau et permet d'effectuer un mouvement rotatif tout en tirant la tique.  et qui ne presse pas l'abdomen de la tique quand on l'enlève. Tournez lentement dans le même sens jusqu’à ce que la tique se décroche de la peau. Attention, il ne faut aucunement tirer. En tirant, il y a de fortes chances pour que le rostre reste dans la peau. Toutefois, si vous employez une pince à épiler, veillez à tirer droit vers l'extérieur et d'un coup sec, ceci afin d'éviter tout mouvement de torsion qui pourrait détacher la tête du corps. Une fois la tique retirée, ne pas oublier de bien désinfecter et de détruire l'animal.

 

tire-tic-1.jpg
Manipulation du tire-tique
 
  • Surveiller attentivement la plaie pendant trois semaines. Consultez un médecin si vous avez une auréole rouge qui évolue (érythème migrant) ou que vous ressentez un état grippal. La prescription peut être un bilan sanguin et/ou un traitement antibiotique.

 

Cas des animaux domestiques

 

Les infestations à tiques sont importantes et de plus en plus fréquentes pour les animaux sauvages et domestiques, elles peuvent :

 

  • Entraîner la mort par anémie dans les cas extrêmes.

 

  • Être responsable de diverses infections dont des maladies à protozoaires, à rickettsies ou à virus, avec en particulier la paralysie à tiques (peu étudiée dans le milieu naturel, mais constatée chez quelques espèces animales : bovins et homme notamment). Elle paralyse les membres qui deviennent alors flasques (mortalité élevée).

 

Les tiques semblent être les uniques vecteurs d'une maladie parasitaire du sang appelée piroplasmose (ou babésiose) due à un protozoaire (Babesia sp, en particulier B. canis, B. microtii. La piroplasmose atteint les canidés, les équidés, les bovidés. Le protozoaire parasite les globules rouges dans lesquels il se multiplie et les détruit lorsqu'il s'en libère. La piroplasmose entraîne une anémie avec un ictère pâle et généralement une forte fièvre. Dans les stades avancés de la maladie, une coloration brun foncé des urines peut être notée : elle correspond à la bilirubine issue de la dégradation de l'hémoglobine libérée dans le sang par la destruction des globules rouges. La piroplasmose est une maladie potentiellement mortelle.

 

Pour ôter une tique à un animal domestique (chat, chien, bétail…), il faut écarter les poils de l’animal puis utiliser un tire tique au plus près de peau. Certains enduisent la tique avec du savon liquide qui aidera l’extraction de la tique par son action glissante. Tournez ensuite, lentement dans le même sens jusqu’à ce que la tique se décroche de la peau en prenant les mêmes précautions que pour une tique sur la peau humaine (voir ci-dessus). Après avoir retiré la tique, détruisez-la et désinfectez bien la plaie avec un désinfectant ou de l’alcool modifié.

 

Moyens de luttes contre les parasites

 

  • Action pour rompre le cycle externe => épandage de produits acaricides. Ils semblent peu efficace en raison du réservoir naturel.

 

  • Action sur l’animal pour détruire le parasite => douchage, balnéation avec une solution acaricide.

 

  • Défragmenter les écosystèmes et y laisser les prédateurs vivre, pour y restaurer des équilibres écologiques, de manière à limiter les pullulations de tiques.

 

À l'Institut Pasteur

 

Le laboratoire du Centre National de Référence des Borrelia, situé à l’Institut Pasteur, a largement contribué à l’élaboration de la taxonomie du complexe Borrelia burgdorferi sensu lato et à la description notamment des espèces européennes, B. garinii, B. afzelii, B. valaisiana, B. lusitaniae et B. spielmanii. Les autres apports de ce laboratoire ont concerné la démonstration d’un tropisme préférentiel d’organe pour chacune des trois espèces pathogènes B. burgdorferi sensu stricto, B. garinii, et B. afzelii.

 

Les travaux les plus récents ont permis d’établir une corrélation entre le génotype ospC (gène codant une protéine majeure de membrane externe) et la capacité des souches de B. burgdorferi sensu lato à disséminer dans l’organisme hôte, et à déterminer ainsi des formes disséminées de la maladie. Cette capacité d’invasion des tissus serait liée à l’interaction entre la protéine OspC et le plasminogène de l’hôte.

 

Le Centre National de Référence des Borrelia de l'Institut Pasteur actuellement dirigé par Murielle Cornet, a diverses missions :

 

  • Estimation de l’incidence de la borréliose de Lyme en France,

 

  • Mise au point de techniques de diagnostic et de typage génotypique des souches de Borrelia,

 

  • Étude épidémiologique du vecteur des Borrelia (densité et taux d’infection des tiques) dans plusieurs régions de France.

 

Ajout du 21 mai 2017 :

Maladie de Lyme : la situation est explosive (Sciences et Avenir, mai 2017)

 

Pour en savoir plus :

Une enquête permanente est en cours sur le site "Tiques et France"à laquelle on peut participer pour augmenter le nombre de données en France.

 

 Ajout du 7 octobre 2016 :

Des témoignages recueillis par France 3 Franche-Comté

Enfin ! Un plan national de prévention

Ajout du 18 juillet 2017 :

 

Piqûre de tiques: Comment prévenir la maladie de Lyme ?

Maladie de Lyme : une application smartphone pour mieux lutter contre les tiques

 

Le Moineau friquet

$
0
0

Le Moineau friquet

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

Un peu plus petit que son cousin le Moineau domestique, le Moineau friquet lui ressemble en apparence mais leur style de vie et leur sort sont différents.

 

Le Moineau friquet est à la base un oiseau des espaces étendus proches des grandes fermes. Ces vingt dernières années, sa population a chuté de manière catastrophique. Ce déclin spectaculaire est dû, en grande partie, à l'évolution des pratiques agricoles modernes qui pourrait entraîner la disparition complète de ce charmant petit passereau.

Le Moineau friquet forme des colonies dans la campagne et les parcs composés de grands jardins. C'est un oiseau timide et discret qui se nourrit au sol.

 

Nicheur essentiellement dans des cavités : arbres, talus, toits de chaume, berges de rivière en occupant comme l'illustre cette image le terrier d'un Guêpier d’Europe au sein d'une rive du Doubs.

 

Une nichée qui arrive à terme. Toujours en quête de nourriture et proches de l'envol, les poussins se manifestent par de petits cris incessants.

 

Moineau-friquet-450.jpg

Cliché © Dominique Delfino

 

Le Climat du Jura

$
0
0

Pour agrandir le document, cliquez dessus

SousClimato.jpg

 

Chouette Effraie

$
0
0

Mythique Chouette effraie

 

par Dominique Delfino

Photographe animalier et naturaliste

 

 

Appelée également Effraie des clochers, cette chouette s'installe couramment dans la flèche de ces édifices lorsque leurs orifices ne sont pas obstrués par du grillage ou pris sous les feux des projecteurs.

 

Il est impossible de confondre l'Effraie avec les autres rapaces nocturnes de taille identique, nettement plus foncés et portant des masques faciaux de forme et de colorations différentes.

 

L’Effraie se manifeste par des expressions vocales très variées qui peuvent inquiéter le commun des mortels d'où son nom d'Effraie. Cris aigus grinçants et sifflants, chuintements prolongés, soufflements et claquements du bec se font alors entendre dès la tombée de la nuit sur le territoire occupé par ce rapace.

 

L’activité nocturne est soutenue dans les environs du parc du château à Brognard, lorsque les nichées de Hibou moyen Duc et d'Effraie de ce printemps sont animées par les poussins ayant quitté le nid et quémandant la nourriture que les adultes chassent durant toute la nuit.

 

Un spectacle sonore à ne pas manquer, dame chouette n'étant pas toujours facile à observer à la jumelle.

 

Chouette-effraie-450.jpg

 

 

 


Couple de renards

$
0
0

Indispensables renards

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

Cette image réalisée dernièrement par Marie Graff demeurant à Montbéliard traduit une ambiance de saison particulièrement bien réussie.

 

En balade, toujours équipée de son appareil photo que Marie a troqué contre son fusil de chasse, un couple de renards se présente en lisière de forêt.

 

La prairie fauchée constitue le terrain de chasse idéal pour capturer mulots et campagnols. On y observera alors les renards bondissant sur leurs proiesavec un élan étonnant.

 

Difficile à notre époque de penser que l'on puisse encore considérer le renard comme une espèce nuisible !

 

L'arrêté préfectoral qui autorise depuis peu la destruction totale de tous les renards (pour raison de gale) sur la dizaine de communes autour de Brognard relève d'un autre temps…

Les renards jouent un rôle déterminant sur l’équilibre des peuplements des rongeurs et participe à une agriculture vivante, leur destruction faisant bondir les naturalistes spécialisés dans l'étude de ce mammifère.

 

Merci Marie pour cette belle image pleine de vie.

 

renard,dominique delfino,marie graf,photographe naturaliste et animalier

Cliché © Marie Graf

Subventions PAC et abattage de loups

Poivrons et piments

$
0
0

Exposition de poivrons et de piments

le 30 septembre à Dannemarie-sur-Crête

 

par Bernard Dupont

Naturaliste et jardinier passionné

 

Amis jardiniers bonjour,



Les retraités ont beaucoup de temps. Énormément de temps. Mais évidemment ils vont vous dire le contraire et vous le prouver. Mais si vous regardez bien, vous verrez qu'ils se lèvent à 8h au lieu de 6h pour aller au boulot, qu'ils écoutent trois fois les infos en naviguant deux heures de temps entre RTL à France-Inter, qu'ils lisent l'Est Républicain pendant des plombes, qu'ils boivent un café avec le voisin, se resservent un deuxième café en milieu de matinée, puis l'apéro, qu'ils passent un temps fou à discuter avec tous ceux qu'ils croisent, qu'ils passent trois heures devant la télé… Évidemment, après tout ça force est d'admettre que nos pauvres retraités sont débordés. Très débordés.



Comme je n'écoute ni la radio ni ne lis l'Est Républicain, ni regarde la télé (je ne vais pas vous faire croire quand même que je loupe l'heure de l'apéro, personne ne me croirait), j'ai du temps. Et même énormément de temps. Du temps pour "cultiver mon jardin" (dans tous les sens du terme). Alors cette année je me suis focalisé sur mon jardin (je devrais dire "mes jardins") et me suis pris au jeu de la culture des piments et poivrons (j'aime bien travailler un thème annuel et je dois dire que la perspective d'une exposition cet automne a fait que je me suis un peu pris au jeu et ... vous connaissez la suite, vous savez comment je fonctionne, au rythme de ces passions qui n'arrêtent pas de m'assaillir).



Tout ça pour dire, après ce long préambule, que je termine ce matin la liste descriptive des variétés de poivrons que je cultive cette année. Vous la trouverez ci-dessous.



J'avais déjà envoyé à certains d'entre vous la liste des variétés de piments que je cultive, je l'ai réactualisée (car quelques variétés supplémentaires ont été plantées), je vous remets donc également la liste réactualisée des piments ci-dessous.


Au total 94 variétés (64 de piments et 30 de poivrons) qui seront présentées cet automne le 30 septembre à l'exposition de Dannemarie-sur-Crête.


Si jamais certains d'entre vous ont envie de voir les différents fruits cet été sur place  (j'ai planté deux pieds de chaque, près de 200 plantes donc), mon jardin vous est ouvert (d'autant plus que la saison s'annonce exceptionnelle !), il suffit juste de m'envoyer un mail ou de m'appeler (03 81 57 67 90) aux heures des repas. Et naturellement vous pourrez repartir avec au moins un fruit des variétés que vous auriez envie de tester culinairement chez vous (les avis de chacun et les résultats des tests m'intéressant particulièrement) avec quand même une petite mise en garde contre certaines variétés de piments qui pourraient s'avérer bien plus piquants que prévus, l'instabilité étant un peu la règle chez bon nombre de variétés. Tous les poivrons et piments devraient être à maturité dès le début août mais beaucoup d'entre eux le seront dès le 15 juillet. Et comme je cultive aussi cette année plus d'une centaine de variétés de tomates (ce qui ne m'est jamais arrivé), il se pourrait qu'il y ait aussi d'autres trésors à voir au jardin.

A noter que Jacques Bonet (un autre passionné des piments) et moi-même prévoyons une séance d'animation sur le sujet des piments en fin d'été, la date n'est pas encore fixée, vous en serez informé(e).

A bientôt.

Bernard Dupont

 

Pour grossir le descriptif, cliquez deux fois sur l'image

Descriptif poivrons-450.jpg

 Pour grossir le descriptif, cliquez deux fois sur l'image

Descriptif piments.jpg

 

Le frelon asiatique
 exterminateur d'abeilles
 en Franche-Comté

$
0
0

espèces invasives,frelon asiatique,abeilles,piègeageLe frelon asiatique
 exterminateur d'abeilles


Vespa velutina nigrithorax envahit la France

 

 

Il est désormais signalé dans l'Ain

et dans le Pays de Montbéliard

(dernière mise à jour : 03/08/2017)

 

Depuis l'année 2004, de multiples observations ont démontré la présence dans le sud-ouest de la France du Frelon asiatique, un hyménoptère prédateur d'abeilles qui gagne progressivement les autres régions françaises. Mais l’introduction en France est sans doute plus ancienne : selon un producteur de bonzaïs de la région Aquitaine, le Frelon asiatique a pu être introduit accidentellement avec les cartons de poteries chinoises qu’il importe régulièrement depuis plusieurs années.

 

espèces invasives,frelon asiatique,abeilles,piègeage

Le frelon asiatique

(photo J. Haraire)

 

Le Frelon asiatique est bel et bien acclimaté dans notre pays puisqu’il est capable d’y nidifier, de s'y reproduire, et que les femelles reproductrices y passent l’hiver.

 

L’espèce est très facile à reconnaître car c’est la seule guêpe en Europe à posséder une livrée aussi foncée : les adultes sont d’un brun très noir et apparaissent, de loin, comme des taches sombres sur le nid. En fait, il s’agit de la sous-espèce V. velutina nigrithorax, au thorax entièrement brun-noir velouté et aux segments abdominaux bruns, bordés d’une fine bande jaune. Seul le 4e segment de l’abdomen est presque entièrement jaune orangé. Les pattes brunes sont jaunes à l’extrémité. La tête est noire et la face jaune orangé. Ce frelon est donc impossible à confondre avec l'unique espèce européenne, le Frelon d’EuropeV. crabro, au corps taché de roux, de noir et de jaune et l’abdomen jaune rayé de noir.

 

espèces invasives,frelon asiatique,abeilles,piègeage

Le Frelon européen (Vespa crabro)

© Entomart http://home.tiscali.be/entomart.ins/

 

Dans les régions tempérées, les colonies de toutes les guêpes sociales de la famille des Vespidés (guêpes communes, frelons et polistes) ne vivent qu’un an. On peut ainsi, au cours de l’hiver, détacher sans risque l'un de leurs nids car les habitants en sont morts. C’est vers la fin de l’été que les femelles reproductrices de la nouvelle génération quittent le nid en compagnie des mâles pour s’accoupler ; elles survivront seules pendant l’hiver tandis que mâles et ouvrières meurent. Au printemps, chaque reine fondatrice ébauchera un nouveau nid, pondra quelques œufs et soignera ses premières larves qui deviendront des ouvrières adultes (femelles stériles) capables de prendre en charge la construction du nid et l’entretien de la colonie.

 

La sous-espèce V. velutina nigrithorax vit au nord de l’Inde, en Chine et dans les montagnes d’Indonésie (Sumatra, Sulawesi). Elle a été signalée pour la première fois en Corée en 2006. En Asie continentale, elle se développe sous des climats comparables à ceux du sud de l’Europe. La canicule de l'été 2006 en France a sans aucun doute été favorable à son développement. Seul un hiver très rigoureux pourrait entraîner la mort des femelles hivernant dans la nature, mais comme l’espèce nidifie volontiers à proximité de l’homme, bon nombre de futures reines peuvent survivre à l’abri du gel, dans une cave ou un grenier, par exemple.

 

il est à craindre que le Frelon asiatique n’envahisse peu à peu les parties les plus chaudes de l’Europe. Or son expansion pourrait avoir des conséquences néfastes, puisque l’insecte est un prédateur avéré des autres Hyménoptères sociaux et notamment des abeilles. À l’automne, il s’attaque aussi aux fruits mûrs, comme le Frelon d’Europe qui fait parfois de gros dégâts dans les vergers.

 

espèces invasives,frelon asiatique,abeilles,piègeage,dioxyde de soufre

Tête de frelon. L'armature buccale montre des mandibules impressionnantes (Cliché DR)

 

Depuis 2004, le Frelon asiatique s'est répandu dans au moins 39 départements français (juin 2011) et a été signalé en 2009 dans l'Indre et en 2010 pour la première fois en Espagne. L'invasion qui progresse inexorablement vers le Nord et l'Est est inquiétante pour la Franche-Comté car l'espèce est désormais signalée  en Côte d'Or.

 

Ajout du 29 octobre 2016 : le Frelon asiatique signalé dans l'Ain

 

Patrick PAUBEL, vétérinaire conseil du GASA (Groupement d'Action Sanitaire Apicole de l'Ain) travaille dans le cadre de cette structure, en relation avec le Syndicat d'Apiculture de l'Ain. Il est également naturaliste, ornithologue amateur (Groupe Pèlerin Jura) et intéressé par les insectes, notamment les Sphingidae. C'est lui qui a découvert le premier nid de frelon asiatique dans l'Ain, ce 26 octobre 2016 au terme d'une demi-journée terrain.

 

espèces invasives,frelon asiatique,abeilles,piègeage,dioxyde de soufre

Le nid de frelons  (cliché © Patrick Paubel)

 

Le repérage s'est effectué après piégeage et relâcher de plusieurs frelons sur trois sites différents, et de prendre l'azimut des lignes de vol que l'on reporte sur GPS et carte Google Earth. Le nid est situé au bord de la Saône.

Du fait de la chute des feuilles, il est possible que d'autres nids soient découverts. Leur destruction serait urgente, le couvain à cette époque produit les futures fondatrices de l'année suivante, soit 200 à 500 par nid, c'est dire le potentiel d'expansion.

 

espèces invasives,frelon asiatique,abeilles,piègeage,dioxyde de soufre

Frelon asiatique (Cliché © Patrick Paubel)

 

espèces invasives,frelon asiatique,abeilles,piègeage,dioxyde de soufre

Frelons asiatiques sur un fruit (Cliché © Patrick Paubel)

 

 

Ajouts du 30 octobre 2016 et du 3 août 2017 : La présence du Frelon asiatique signalé dans le Pays de Montbéliard est désormais confirmée. Voir l'article de France 3 Franche-Comté du 3 août 2017.

espèces invasives,frelon asiatique,abeilles,piègeage,dioxyde de soufre

Un bilan des travaux (MNHN et IRBI) sur l'invasion en France de Vespa velutina a été établi en 2011. Il montre que V. velutina se répand très rapidement à travers la France et risque d'envahir la majeure partie de l'Europe occidentale. Il décrit le développement saisonnier des colonies et estime le nombre moyen d'ouvrières et de sexués produits par colonie. L'étude du régime alimentaire prouve que les abeilles domestiques, les guêpes sociales, les diptères pollinisateurs et nécrophages sont parmi les proies les plus communes, la prédation sur les abeilles étant maximale en milieu urbanisé. Enfin, l'étude des hydrocarbures cuticulaires montre que chaque colonie possède sa propre signature chimique et que des individus de nids différents peuvent chasser devant les mêmes ruchers. Mieux caractériser les colonies de V. velutina en termes d'effectif et de biomasse et mieux chiffrer la pression qu'elles exercent sur l'apiculture et les pollinisateurs est un préalable essentiel à l'élaboration de modèles permettant dévaluer les risques dans les pays voisins de la France, qu'ils soient déjà envahis (Espagne) ou très fortement menacés (Belgique, Pays-Bas, Grande Bretagne, Portugal, Italie...). Ainsi, des moyens coordonnés et efficaces de surveillance et/ou de lutte contre cet envahisseur pourront être rapidement mis en place dans toutes les régions où la présence de V. velutina est suspectée ou avérée.

 

espèces invasives,frelon asiatique,abeilles,piègeage

Progression de V. velutina en France (2010)

document MNHN

 

En Inde, V. velutina est considéré comme un redoutable ennemi des ruchers. On estime que 20 à 30% d’une colonie de l’Abeille domestique orientale, Apis cerana, succombe après l’attaque du frelon. Après avoir décimé une à une toutes les gardiennes de la ruche, les ouvrières de V. velutina s’enfoncent dans le nid pour prélever le couvain dont elles nourrissent leurs propres larves.

 

Mais Apis cerana a développé contre son agresseur une stratégie de défense très efficace, qu’un chercheur chinois a mis en évidence à l’aide d’une caméra thermique : le frelon agresseur est rapidement entouré d’une masse compacte d’ouvrières qui, en vibrant des ailes, augmentent la température au sein de la boule jusqu’à ce que leur adversaire meure d’hyperthermie! Au bout de cinq minutes, la température ayant atteint 45°C, le frelon succombe mais pas les abeilles, qui sont capables de supporter plus de 50°C. Cette méthode est très efficace mais, trop souvent répétée, elle entraîne l’affaiblissement de la ruche car les ouvrières consacrent alors moins de temps à l’approvisionnement.

 

En Asie, l’élevage de l’Abeille domestique d’Europe, Apis mellifera, s’est développé progressivement depuis une cinquantaine d’années et cette espèce est désormais largement répandue dans la région. Elle emploie le même moyen de lutte, mais son adaptation au prédateur étant plus récente, sa défense est moins efficace : la boule autocuiseuse d’A. cerana rassemble en effet une fois et demi plus d’ouvrières que celle d’A. mellifera. La crainte que le Frelon asiatique, en se multipliant, puisse devenir une menace pour l’apiculture nous conduit à signaler sa présence en France via Internet (“Épingle” sur le site /opie-insectes/ et forums) et dans la presse locale (articles dans Sud Ouest des 4, 5 et 9 août 2006). Ceci dans le but d'évaluer rapidement l’étendue de l’invasion grâce aux témoignages des habitants de la région mais aussi de faire éradiquer les premiers nids afin d’éviter que l’espèce se répande. Fin juillet 2006, V. velutina n’est en effet signalé que dans quatre communes du Lot-et-Garonne et seuls trois nids sont recensés (un à Tombeboeuf et deux aux environs de Tonneins).

 

À la grande surprise de tous et contrairement aux dires de spécialistes sceptiques quant aux risques d’invasion, la collaboration active du public permet de constater que V. velutina est, en 2006, déjà largement répandu en Aquitaine. Après vérification sur place par Jean Haxaire ou grâce aux photos transmises par Internet, la présence de nids du Frelon asiatique est attestée dans de nombreuses localités du Lot-et-Garonne, ainsi qu’en Dordogne, en Gironde, dans les Landes et même en Charente-Maritime. La plupart des nids observés ont été détruits comme le sont chaque année les nids de Frelon d’Europe placés trop près des habitations. Comme son congénère, V. velutina nidifie aussi mais exceptionnellement, dans les creux de murailles ou dans une cavité du sol. Le plus souvent, il façonne son nid dans la frondaison des grands arbres, et on ne le repère alors qu’au bruit produit par les allées et venues des ouvrières dans le feuillage (mais, aux dires de nombreux observateurs, il se déplace en vol beaucoup plus discrètement que le Frelon d’Europe) ou seulement en automne lorsque l’arbre a perdu ses feuilles.

 

Lorsqu’il s’installe dans un espace bien dégagé (habitation, arbre au port étalé), le Frelon asiatique est un artiste qui façonne un magnifique nid de papier dont la forme, quasiment circulaire, est très caractéristique. La paroi du nid, formée de larges écailles de papier striées de beige et de brun, est très fragile. Le diamètre atteint en général 40 à 50 cm, mais on a observé à Taïwan, pendu à une branche à 8 mètres de haut, un nid sphérique de 70 cm de diamètre. En Thaïlande, un nid de 51 cm de diamètre renfermait plus de quatre mille cellules et environ mille cinq cents ouvrières. Les conditions climatiques et la richesse en insectes proies des pays sud-asiatiques favorisent probablement un développement optimal des colonies. En Europe, le nid du Frelon européen mesure en moyenne 40 cm de diamètre et 60 cm de haut et sa colonie renferme en général moins d’un millier d’ouvrières.

 

espèces invasives,frelon asiatique,abeilles,piègeage

Nid de Frelon asiatique

Cliché J. Haxaire

 

En France, tous les observateurs s’accordent sur le fait que V. velutina n’est pas agressif et qu’il est possible d'observer son nid à 4 ou 5 mètres de distance sans risque. Les rares personnes piqûres l’ont été en tentant de détruire un nid ou en touchant une ouvrière par inadvertance. La piqûre n’est pas plus douloureuse que celle d’une guêpe, mais les personnes allergiques au venin d’Hyménoptères doivent bien sûr rester très prudentes.

 

Comme V. velutina, le Frelon d’Europe s’attaque aussi aux ruches pour prélever des abeilles. Le Frelon asiatique se comporte de façon différente : les ouvrières font du vol stationnaire devant et autour de la ruche, attendant le retour des butineuses.

 

Lorsqu’une abeille rentre, 2 ou 3 frelons l’attaquent, la font tomber au sol et la neutralisent. Puis l’un d’eux l’emporte au nid. Le Frelon asiatique est très attiré par les cadres de ruche entreposés pour laisser les abeilles récupérer les dernières traces de miel. Dans l’ensemble, les apiculteurs ne sont pas inquiets car le Frelon asiatique ne semble pas s’en prendre au couvain, apparemment empêché de pénétrer dans les ruches en raison de leur configuration.

 

espèces invasives,frelon asiatique,abeilles,piègeage

Frelon asiatique :

affût en vol stationnaire à l'entrée de la ruche

(cliché J. Haxaire)

espèces invasives,frelon asiatique,abeilles,piègeage

Frelon asiatique : attaque d'une butineuse

(cliché J. Haxaire)

espèces invasives,frelon asiatique,abeilles,piègeage

Frelon asiatique : attaque et isolement d'une butineuse

(cliché J. Haxaire)

 

Frelon asiatique et Frelon européen ont apparemment le même habitat et se nourrissent tous deux d’insectes et de fruits mûrs. Si les conditions climatiques restent favorables à V. velutina, il sera intéressant d'observer si les deux espèces de frelon cohabiteront, ou bien si l’une, se reproduisant plus, l’emportera. En tout état de cause, l’ampleur de l’invasion est telle à ce jour que l’éradication n’est plus envisageable, ce qui n’était pas le cas début juillet 2006 lorsque trois nids seulement étaient connus. Il reste aussi à suivre l’expansion de cette nouvelle espèce en Europe, dont l’installation pourrait être signalée en Espagne et le long du littoral méditerranéen dès l’année prochaine.

 

Lutte contre les frelons asiatiques

 

1. Piéger les reines fondatrices

 

Bien qu'il ne soit pas encore déclaré nuisible, nous pouvons agir individuellement contre le Frelon asiatique.

 

En effet, les nids construits dans l'année se vident de leurs habitants en hiver car 
l'ensemble des ouvrières et des mâles ne passent pas l'hiver et meurent. Seules les reines et les jeunes reines se camouflent dans les arbres creux, sous des tas de feuilles, 
dans des trous de murs, etc. pour en ressortir courant février et commencer à s'alimenter.

 

C'est le moment pour disposer des pièges dans nos jardins ou sur nos balcons pour attraper ces futures fondatrices de nids : une reine donnera naissance à 2 
000-3 000 individus.

 

espèces invasives,frelon asiatique,abeilles,piègeage

Pour l'agrandir, cliquer sur le cliché

espèces invasives,frelon asiatique,abeilles,piègeage

Pour l'agrandir, cliquer sur le cliché

 

Pour fabriquer ces pièges, il suffit de récupérer des bouteilles d'eau minérale en plastique, de découper le tiers supérieur et de le retourner dans la partie basse, puis 
verser à l'intérieur 10 centimètres d'un mélange de bière brune, de vin blanc (pour repousser les abeilles), et de sirop de cassis.

 

Il suffit de laisser en place ces pièges de la mi-février à la fin avril. Après cette date, il est trop tard : les futures reines auront commencé à se reproduire. Il faudra donc supprimer les pièges pour empêcher la capture d'autres insectes.

 

2. Destruction des frelons dans leurs nids

 

Pour attaquer et détruire les frelons dans leurs nids, les apiculteurs peuvent utiliser du dioxyde de soufre (SO2). D'un emploi aisé, notamment pour les nids situés en hauteur et d’un faible coût, le soufre a une action sélective sur les nids et n'a pas d'impact sur l'environnement.

 

Or, le dioxyde de soufre ne fait pas partie des substances actives biocides insecticides autorisées, faute de dépôt de dossier en vue de son évaluation dans le cadre de la directive 98/8/CE. De sorte que la bureaucratie européenne ne l’entend pas de cette oreille. Afin de démêler cette situation, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses[1]) a été saisie par les pouvoirs publics en juin 2013 et a remis son avis le 23 juillet. L’Anses préconise une autorisation temporaire et encadrée du dioxyde de soufre. Suite à cela, le Gouvernement a pris un arrêté qui a été publié au Journal officiel le 7 septembre autorisant l’utilisation du SO2 pour une période limitée de 120 jours, à savoir jusqu’au 5 janvier 2014.

 

Cette dérogation temporaire est accompagnée d’un encadrement strict et notamment réservée à des opérateurs ayant suivi une formation spécifique à la manipulation du produit. De plus les opérations de destruction des nids devront être accompagnées de mesures de gestion des risques telles que : bonnes pratiques de manipulation, protection des opérateurs, information préalable et mesures de protection des riverains…

 

Par la suite, la porte reste ouverte à une utilisation  plus définitive du SO2, et selon le Ministère de l’écologie : « il appartient aux professionnels de compléter l’évaluation de l’efficacité du produit et de ses risques pour la santé et l’environnement, afin d’obtenir une autorisation pérenne dans le cadre général de la réglementation biocide, au même titre que les autres substances. »

 

3. Utiliser des pièges avec phéromones attractives (Kaldy P., Le frelon asiatique croqué par une plante. Sciences et Avenir, n° 822 — août 2015, p. 58).

 

Une plante carnivore originaire d'Amérique du Nord du genre Sarracenia est capable de digérer le frelon asiatique. Attiré par le nectar et les phéromones de Sarracenia, le frelon asiatique reste piégé dans ses feuilles en forme d'urnes.

 

espèces invasives,frelon asiatique,abeilles,piègeage,dioxyde de soufre

Cliché © Sarracenia.com

 

L'idée est née au Jardin des Plantes de Nantes. Les urnes de sarracénies contenaient des frelons asiatiques à moitié décomposés par ses sucs digestifs. Serait-ce une arme de choix dans la lutte contre l'insecte envahisseur, débarqué en France il y a plus d'une décennie depuis la Chine ? Les sarracénies seraient-elles des auxiliaires pour les apiculteurs ? 

 

« Sachant qu'une plante compte une vingtaine de pièges d'une durée de vie variant de trois semaines à un mois, qui attrapent, en moyenne, trois frelons chacun, cela représente à peine 80 frelons capturés par spécimen... alors qu'un nid en compte 2 000 !», tempère Romaric Perrocheau, le directeur du jardin. Par ailleurs, cette espèce fauche quantité d'autres insectes, dont des abeilles...

 

« Ainsi, la sarracénie ne peut pas être envisagée comme outil de lutte biologique efficace, mais les odeurs qu'elle émet sont intéressantes», souligne Eric Darrouzet, de l'Institut de recherche sur la biologie de l'insecte (Irbi, Tours). Le chercheur a identifié ces dernières années le panel phéromonal du frelon et teste aujourd'hui les molécules qui l'attirent. « Parmi les dizaines de substances attractives qu'elle libère, nous trouverons peut-être celle pour laquelle le frelon a une attirance particulière. Émise par la plante, l'une d'entre elles pourrait s'avérer efficace et utilisable dans un piège sélectif». Ainsi, l'appât odorant est l'une des pistes suivies pour améliorer un dispositif qui pourrait être commercialisé dans deux ans.

 

espèces invasives,frelon asiatique,abeilles,piègeage,dioxyde de soufre

Un pied de Sarracenia peut piéger jusqu'à 50 frelons

 

Visionner également le reportage de France 3 Pays de Loire.

 

Par ailleurs, des chercheurs du CNRS et de l'Institut national de recherche agronomique (Inra) ont récemment montré que le frelon asiatique est très attiré par l'odeur du miel et du pollen, produits associés à son mets préféré, l'abeille. Il y a urgence, car Vespa velutina, sans prédateur ni parasite en Europe, a déjà gagné la majeure partie de la France et se retrouve au Portugal, en Belgique, en Allemagne. Il fait des ravages en Espagne et en Italie du Nord.

 

Un autre moyen de lutte ciblée consisterait à utiliser un insecte parasitoïde pondant ses œufs dans la reine des frelons, ce qui entraîne sa mort et par conséquent celle de sa colonie. Seul problème, elle s'attaquerait aussi probablement aux reines des guêpes et des bourdons. D'où l'intérêt de trouver un péché mignon du frelon pour le piéger.

 


[1]L’Anses a été créée le 1er juillet 2010 par la fusion de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) et de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset).

 

Une méthode originale de lutte contre le frelon asiatique : la volaille. Voir la vidéo.

Sources :

 

  • Haxaire J., 2006. Le frelon asiatique Vespa velutina, un nouveau prédateur de l'abeille ? La santé de l'abeille, 216.
  • Haxaire J., Bouguet J.-P. & Tamisier J.- Ph., 2006. Vespa velutina.
  • Lepeletier, 1836, une redoutable nouveauté pour la faune de France (Hymenoptera, Vespidae).Bulletin de la Société Entomologique de France, 111 (2) : 194.
  • Villemant C., Haraire J., Streito J.-C. (2006) La découverte du Frelon asiatique Vespa velutina, en Francedocument CNRS-MNHN-INRA.
  • Villemant C., Muller F., Haubois S., Perrard A., Darrouzet E., Rome Q. 2011. - Bilan des travaux (MNHN et IRBI) sur l'invasion en France de Vespa velutina, le Frelon asiatique, prédateur d'abeilles. in : Barbançon, J-M. L'Hostis, M (Eds). Journée Scientiffique Apicole JSA, Arles 11 février 2011.
  • Plaquette du Conseil général de la Gironde.

 

Solidarité équine

$
0
0

Solidarité au pré

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

Le cheval et le chien sont depuis toujours considérés comme étant les meilleurs amis de l'homme. La rencontre au détour d'un chemin de campagne avec ces superbes chevaux ne peut pas laisser indifférent.

Comme souvent au pré, les animaux se positionnent tête-bêche. Cette position leur permet de chasser mutuellement les mouches sur la tête de l’autre à l'aide des mouvements de leur queue.

Le cheval dispose d’une panoplie d’armes pour chasser les insectes. Lorsque ceux-ci se font trop envahissants, il se lance au galop pour tenter d’échapper à ses agresseurs. Irrité par ces compagnons non désirés, il peut aussi faire des mouvements brusques, frapper le sol de ses sabots ou encore secouer la tête pour s’en débarrasser.

Enfin, le cheval dispose d’une dernière arme pour faire fuir les insectes, il est capable de faire frissonner sa peau au niveau de l’épaule et de l’avant-bras.

Esprit de solidarité, animé par un ballet permanent de mouvements de queue, traduisant une ambiance calme et sereine que recherchent les chevaux.

 

Chevaux-Delfino-450.jpg

Cliché © Dominique Delfino

 

La collète des saules : une abeille solitaire

$
0
0

La collète des saules : une abeille solitaire

 

par Patrick Paubel

Naturaliste

 

Avril 2017 en Bresse, la sécheresse s'installe du fait du manque de précipitations, aggravée par la bise, le vent du Nord soutenu. Les grenouilles agiles et rousses ont pondu, mais les fossés sont vides.

 

Cette météo semble bénéficier à une espèce d'hyménoptère qui a développé une "bourgade" importante que je n'avais jamais observée. Il s'agit du Collète des saules (ou des sables). Cette abeille sauvage, de type solitaire est classée dans les Apoidea, famille des Colletidae. Son nom latin est Colletes cunicularius.

 

Le Collète des saules creuse des terriers en sol meuble, laissant de petits éboulis de terre fine dans la pente du talus, qui est exposé plein Sud. Le territoire de cette "agglomération" représente un talus de vingt à trente mètres de long pour deux mètres de large contenant largement plus de deux cents terriers.

 

Photo-1-2-3-Talus-450.jpg

Photos : Patrick Paubel - Georges Janody

 

Colletes-cunicularius-Entrée-au-nid-450.jpg

Entrée au nid

Photo : Patrick Paubel - Georges Janody

 

 

Cette abeille a la particularité de vivre en communauté de "villages" ou "bourgades", en garenne en quelque sorte, comme le lapin, d'où son nom. On la rencontre dans les sablières ou dans les dunes.

 

Départ-pour-butiner-450.jpg

Collète des saules sortant du nid pour aller butiner

Photo : Patrick Paubel - Georges Janody


 

Le Collète des saules ressemble beaucoup à notre abeille domestique Apis mellifera, mais elle présente une pilosité abondante et hérissée, et son abdomen (On dit désormais "le gastre") est entièrement noir sans bande claire entre les segments. La modification adaptative de sa dernière paire de pattes est insuffisante pour pouvoir mettre le pollen en boulettes (pelotes).

 

Vol-de-retour-avec-pollen-450.jpg

Vol de retour avec pollen au nid

Photo : Patrick Paubel - Georges Janody

 

Chargée-de-pollen-450.jpg

Retour au nid après butinage

Photo : Patrick Paubel - Georges Janody

 

Le-pollen-n'est-pas-en-pelotes-450.jpg

Retour au nid après butinage. Le pollen n'est pas aggloméré en pelotes

Photo : Patrick Paubel - Georges Janody

 

Cette abeille vit plutôt dans le Sud et l'Ouest de la France, mais évite le pourtour méditerranéen.

 

Le genre Colletes présente plus de cent espèces, dont le cycle varie et s'étale au fil de la saison. Colletes cunicularius est la plus précoce, démarrant son cycle en février, principalement sur les Saules (Saules blancs et Saules Marsault dits Massaules en Bresse). En réalité, on a cru longtemps qu'elle était oligolectique sur les saules, ce qui est désormais démenti. Les mâles ou faux-bourdons de cette espèce sont leurrés par certaines Orchidées du genre Ophrys. Ils émergent les premiers et cherchent à s'accoupler à plusieurs sur une même femelle (essaim copulatoire).

 

Ophrys-apifera--Ophrys-abeille-Pascal Collin-450.jpg

Ophrys abeille (Ophrys apifera)

Cliché © Pascal Collin

Sources :

 

— Wikipedia : Colletes cunicularius

Guillaume Lemoine de la FNOSAD (Fédération nationale des organisations sanitaires apicoles départementales) : Les principaux genres d'abeilles sauvages en France

Toiletteurs de la savane

$
0
0

Les toiletteurs de la savane

 

par Dominique Delfino

Photographe animalier et naturaliste

 

De retour du Kenya, ce cliché illustre le stage safari-photo que j'ai animé en avril 2017.

 

Les scènes de la vie sauvage au sein de la réserve du Masaï-Mara offrent à chaque instant des moments étonnants de découverte.

 

Les félins et les grands mammifères sont les acteurs majeurs qui animent la savane mais les oiseaux, très nombreux sur ce territoire, font également l'objet de riches observations.

 

Il est courant de voir de petits oiseaux tourner autour des troupeaux. Ce sont des pique-bœufs.

 

Ces oiseaux se nourrissent de tiques et de larves logées dans la peau des animaux et mangent les insectes soulevés par les pas des troupeaux dans la savane.

 

Les buffles n'ont aucune raison de les chasser, ils trouvent en eux un moyen de nettoyer des endroits inaccessibles : le dos ainsi que le museau ou bien les oreilles.

 

Un cliché qui rappelle le rôle que jouent les étourneaux dans nos régions lorsqu'ils capturent les mouches autour des yeux du bétail en pâture.

 

Buffle-et-oiseaux-nettoyeurs-450.jpg

Cliché © Dominique Delfino

 


Stages jardinage/permaculture

$
0
0

 

STAGES 2017 : JARDINAGE / PERMACULTURE

 

PLANTES SAUVAGES dans le Doubs (25)



Le potager d’une curieuse est un jardin de 30 ares, cultivé depuis 21 ans avec les outils de la permaculture, et aussi un Organisme de Formation depuis 2010.

 

Ce jardin est un lieu d’expérimentation de différentes techniques de cultures bios, et un lieu de recherche et d’acclimatation de centaines d’espèces végétales alimentaires. Sont concernés les plantes sauvages, les fleurs comestibles, les plantes aromatiques, des légumes anciens et nouveaux, les fruitiers forestiers et les autres, glanés lors de voyages et dans les catalogues.

 

Stages au Potager d’une curieuse en 2017

 

Les modes de cultures au Potager d’une curieuse sont issus d’apports de :

  • La boite à outils de la permaculture

  • Maraîchage Sol Vivant

  • L’agroforesterie

  • La biodynamie

  • Les cultures bio-intensives de Jean-Martin Fortier et reprises par la ferme du Bec Helloin, destinées, ente autre, pour la création de micro-fermes.

Le dénominateur commun de ces approches est la vie du sol. Le reste est observations, expérimentations et adaptations à la situation particulière du lieu et de ses habitants: terrain orienté nord-est, en pente, en lisière de forêt, peu ensoleillé, et excessive gourmandise et curiosité pour acclimater des nouvelles plantes alimentaires.

 

Tous les stages comprennent des ateliers pratiques.

 

PERSPECTIVES 2e SEMESTRE 2017

  • Stage résidentiel de 5 jours pour la réalisation d’un design in situ et la réalisation pas à pas d’un jardin forêt pour le gîte qui nous accueille, avec la présence d’Eric Petiot.

  • Stage résidentiel de 3 jours pour une aide à la réalisation de votre propre design. Prérequis : avoir déjà suivi un stage de permaculture. Inscriptions limitées.

  • Stage de 3 jours sur les conserves du jardin (fruits, légumes et aromates).

  • Du 26 au 28 sept : biotopes et guildes, diversification en maraîchage avec Hervé Coves

 

 

Renardeaux

$
0
0

Photo de famille

 

par Dominique Delfino

Photographe animalier et naturaliste

 

 

Surprise ! Alors que j’observe de petits passereaux nourrir leurs jeunes tout juste sortis du nid, je découvre dans mon dos ces renardeaux à l’affût, inquiets de ma présence.

 

Je fais aussitôt le lien avec une nichée de jeunes animaux que la Renarde a récemment déplacé d'un proche terrier à Allenjoie.

 

Les renardeaux ont finalement élu domicile dans cette canalisation d'un trop plein d'eau pluviale sur la ZAC Technoland 2.

 

dominique delfino,photographe naturaliste et animalier,pays de montbéliard

Cliché © Dominique Delfino

 

Les jeunes mammifères n’hésitent alors pas à quitter leur abri ''industriel'' pour s'adonner à de longues scènes de jeux dans la prairie environnante et les rochers qui recouvrent la conduite.

 

Ce site à découvert, impose aux renardeaux de se cacher rapidement pour s'abriter de tous dangers ou de se plonger dans de très longs cycles de sommeil.

 

Un refuge que la mère regagnera tard le soir, dans la nuit, ou au petit matin afin de rester la plus discrète et prudente pour nourrir ses jeunes»

Le Tarier pâtre

$
0
0

Joli Tarier pâtre

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

Ce petit passereau, très facilement identifiable à sa silhouette ronde et trapue, fréquente les milieux ouverts de nos campagnes en marge des cultures. Les friches constituent souvent son milieu de prédilection, les chardons lui offrant des perchoirs de choix pour surveiller son territoire et chasser ses proies.

 

Ce ne sont pas moins de cinq couples de Tariers occupant tous un territoire bien défini sur le plateau de Brognard que j'ai récemment pu identifier.

Nicheurs dès le mois d'avril, les couples d'oiseaux ont vu leurs poussins quitter le nid afin de prendre leur envol ces derniers jours. La tâche pour les parents n'est pas pour autant achevée. Durant de nombreux jours encore, les adultes suivront de près les jeunes quémandant la nourriture en se manifestant sans cesse par de petits cris, tout en restant bien dissimulés dans la végétation.

 

Alors que le mâle prendra en charge la progéniture, pendant que, très rapidement la femelle préparera un nouveau nid afin d'assurer une seconde nichée.

 

Tarier-pâtre-450.jpg

Cliché © Dominique Delfino

 

 

Alerte sanitaire: le moustique tigre prolifère

$
0
0

Alerte sanitaire ! Le moustique tigre prolifère

La surveillance estivale du moustique tigre, capable de transmettre la dengue, le chikungunya et le zika, est activée dès le 1er mai en France métropolitaine, où il est déjà implanté dans 30 départements. Voici quelques conseils pour l'éviter.

 

aedes albopictus,moustique tigre,dengue,chikungunya

Quelques aspects du virus du chikungunya

 

aedes albopictus,moustique tigre,dengue,chikungunya

Le Moustique tigre (Aedes albopictus)

 

 Signalement : lent et zébré. Plus petit qu’une pièce de un centime, il se déplace lentement, est facile à écraser en vol et porte un costume noir à rayures blanches sur les pattes et l’abdomen. Originaire d’Asie, doté d’une grande faculté d’adaptation, il a déjà colonisé 60 pays et accélère cette année sa progression en France où il sévit de mai à novembre.

 

Méfaits : il peut transmettre la dengue et le chikungunya. C’est pourquoi, cette année encore, laDirection générale de la santé sensibilise citoyens, médecins, pharmaciens et laboratoires d’analyses. Même si en France les risques sont faibles de contracter ces maladies tropicales véhiculées par le moustique tigre, on ne peut ignorer un risque d’épidémie comme à La Réunion en 2006.

 

Les symptômes sont ceux de la grippe (fièvre, douleurs musculaires et articulaires) et disparaissent en une semaine avec le repos. Chez les femmes enceintes, prudence le dernier trimestre car le virus peut se transmettre à l’enfant.

 

Champ d’action: principalement le grand sud. La majorité des départements placés en vigilance rouge se situent dans le sud-est de la France: c’est là que le moustique tigre concentre son activité. 11 autres départements l’ayant déjà intercepté sont placés en vigilance orange, tandis que 41 autres considérés comme zones sensibles sont estampillés vigilance jaune. Pour tous ceux qui se trouvent dans ces zones: en cas de symptômes grippaux, consulter au moins son pharmacien.

 

Votre département est-il concerné ? Consultez les cartes sur www.sante.gouv.fr/moustiques-vecteurs-de-maladies et www.vigilance-moustiques.com

 

aedes albopictus,moustique tigre,dengue,chikungunya

aedes albopictus,moustique tigre,dengue,chikungunya

Carte de la répartition du moustique tigre en France (2016)

 

aedes albopictus,moustique tigre,dengue,chikungunya

Carte de la répartition du moustique tigre en France (mai 2017)

 

Moustique Tigre en Bourgogne-Franche-Comté (mai 2017)

 

Vigilance rouge en Saône-et-Loire : surveillance dans les communes de Chalon-sur-Saône, Mâcon, Saint Rémy et Tournus.

Vigilance orange dans l’Yonne : surveillance dans les communes de Precy-sur-Vrin, Sceaux et Venoy.

Vigilance orange en Côte d’Or : surveillance dans les communes de Beaune, Dijon, Fontaine-les-Dijon et Merceuil.

Vigilance orange dans le Jura (2013).

Vigilance orange dans le Doubs : surveillance dans les communes de Besançon, Ecot, Exincourt, Marchaux et Sochaux.
Veille entomologique dans le Territoire de Belfort : surveillance dans la commune de Danjoutin.

Vigilance entomologique dans la Nièvre.

 

Ce qui attire le moustique tigre: l’eau croupie. Coupelles sous les pots de fleur, canalisations d’eau usée, brouette remplie d’eau, mare, cuve de récupération d’eau de pluie... toutes les réserves d’eau stagnante l'attirent. Il est conseillé donc de vider, surveiller ou bâcher ces sources. 

 

Comment se protéger: moustiquaire et répulsif adapté. La moustiquaire bordée autour du matelas et/ou aux fenêtres et imprégnée de répulsif a montré son efficacité contre le moustique tigre. De même que les répulsifs cutanés utilisant l’un de ces quatre actifs: IR3535, Icaridine, Citriodiol ou Deet (mais gare à ce dernier sur les femmes enceintes). Recommandé aussi: le port de vêtements longs, amples et clairs imprégnés de répulsif spécial tissus.

 

Sources : Parmi les innombrables sources possibles, nous vous recommandons de prendre connaissance de l'article ci-dessous :

Sciences et Avenir Mai 2017

Ateliers de jardinage de Champ-Pittet

$
0
0

Ateliers de jardinage de Champ-Pittet

 

Champ-Pittet-atelier-jardin-2017_Page_1-450.jpg

Champ-Pittet-atelier-jardin-2017_Page_2-450.jpg

 

 Ateliers pratiques, nature, santé et poésie du Centre Pro Natura de Champ-Pittet

 

Nous avons le plaisir de vous faire parvenir ci-joint la nouvelle offre « Ateliers pratiques, nature, santé et poésie » du Centre Pro Natura de Champ-Pittet.
 
Les ateliers permettront aux participants de produire leur lessive et produits d'entretien à base de composants naturels, de s'initier à l'art du pendule et de la baguette avec un géobiologue, de cuisiner des plantes sauvages comestibles, ou enfin  de participer à une balade poétique dans la magnifique nature sauvage de la Grande Cariçaie.
 
Nous vous invitons également à notre conférence photo exceptionnelle sur les orchidées ce jeudi 8 juin à 20h par Patrick Veya, spécialiste de ces fleurs. Présence de Gilbert Hayoz, auteur de la magnifique exposition actuellement visible au centre. Dédicace de leur livre "Chercheurs d'Orchidées" paru aux éditions Rossolis. Entrée libre.
 
Plus d’infos sur : www.pronatura-champ-pittet.ch.
Cordiaux messages !

Centre Pro Natura de Champ-Pittet
Chemin de la Cariçaie 1
1400 Cheseaux-Noréaz

024 423 35 70 : Réception

www.pronatura-champ-pittet.ch
www.pronatura.ch/devenir-membre

Tous nos différents événements sont détaillés sur notre site internet
http://www.pronatura-champ-pittet.ch/manifestations

 

ateliers de jardinage de champ-pittet,pronatura

ateliers de jardinage de champ-pittet,pronatura

Viewing all 1024 articles
Browse latest View live